Le rêve s’écroule

Camille Abily - -
Les clichés ont la peau dure. « Les Bleues vont passer, je te dis. T’as vu ce qu’il y a en face ? Ils sont un peu bidons, en foot, les Etats-Unis… », a-t-on pu entendre dans le bus, mercredi matin. Le buzz médiatique n’aura donc pas suffi à éduquer les masses. Car en football, quand ces dames taquinent le cuir, on ne fait pas mieux que la bannière étoilée. Double championnes du monde (1991 et 1999), triple médaillées d’or olympiques (1996, 2004 et 2008), les Américaines auront l’occasion, dimanche à Francfort (20h45), de devenir la première nation à présenter trois titres mondiaux. Une opportunité offerte grâce à leur nette victoire (3-1) sur la France en demi-finale, ce mercredi à Mönchengladbach. Alors, bien sûr, il y a des regrets, nés d’une première période pleine d’espoirs. Ces multiples situations dangereuses, cette frappe phénoménale de Sonia Bompastor sur la barre transversale (32e)…
Abily : « On avait la place pour gagner »
« Ça montre qu’on est capable de rivaliser, confirme Camille Abily, la milieu de terrain tricolore. On a fait face à un bon bloc défensif mais on avait vraiment la place pour gagner. » Problème ? Les Bleues courent déjà contre le score, surprises par un but (9e) de Cheney sur une énième incompréhension défensive. Le mal français du tournoi. L’égalisation au retour des vestiaires (55e), sur un centre de Bompastor qui finit sa course dans les filets sans être touché par personne, permet de maintenir le rêve. Mais l’expérience et la qualité physique des Américaines va finir par payer. Un pays dans lequel le football est le sport numéro 1 des jeunes filles possède forcément une culture du ballon rond qui lui permet d’arborer une efficacité qui manque encore cruellement à nos belles Bleues. Le but de la tête de Wambach sur corner (79e), suite à une nouvelle sortie hasardeuse de Sapowicz, et la balle piquée de Morgan sur contre-attaque (81e) finissent par crucifier les filles de Bruno Bini.
« On est une équipe assez jeune. Pour la plupart d’entre nous, c’était la première Coupe du monde », justifie Abily. Elles devront se remobiliser pour aller chercher la troisième place, samedi à Sinsheim (17h30). Le rêve de titre est passé. Mais les beaux souvenirs resteront. Car si cette défaite prive les Bleues de quatre jours de folie médiatique sans précédent, leurs aventures mondialistes vont tout de même booster le foot féminin en France. « On a tout fait pour faire bouger les mentalités », indique Abily. Elles ont réussi. Et suscité des vocations. Un vivier bien utile pour les futures conquêtes. L'avenir se conjugue désormais en Bleues.
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Retour manqué pour Sapowicz|||
C’était l’un des deux changements effectués par Bruno Bini, avec le retour en défense d’Ophélie Meilleroux, pour cette demi-finale face aux Etats-Unis par rapport à la formation alignée au tour précédent contre l’Angleterre. Bérengère Sapowicz, après avoir purgé un match de suspension, était de retour dans le but français. Et malheureusement pour les Bleues, ce come-back a été tout sauf gagnant. Si la gardienne du Paris Saint-Germain ne peut rien sur le premier but américain inscrit par Lauren Cheney (9e), sa première mi-temps a laissé transpirer une extrême fébrilité. Peu sûre et en retard dans ses sorties sur les coups de pied arrêtés, la joueuse de 28 ans a peiné face aux grands gabarits américains. C’est justement sur un corner qu’Abby Wambach a redonné l’avantage aux Etats-Unis (78e), devançant la sortie de Sapowicz, scotchée sur la ligne et trop courte dans son intervention, du haut de ses 1,66 m. Cette deuxième réalisation a d’ailleurs été fatale aux protégées de Bruno Bini, jusqu’alors dominatrice mais en manque de réalisme. Deux minutes après, Alex Morgan (81e) douchait d’ailleurs les derniers espoirs tricolores. Si les Bleues ont enchanté leurs supporters durant ce Mondial allemand, grâce à un jeu offensif chatoyant, certains secteurs restent en chantier.