Les Américaines vivent sur une autre planète

Après s’être extirpées du piège anglais en quart de finale de la Coupe du monde, les Françaises affronteront les Etats-Unis ce mercredi. Un pays où le football féminin est roi depuis plus de vingt ans. Décryptage.

Une victoire historique en quart de finale suivie par 2,5 millions de téléspectateurs, un titre européen pour l’OL en Ligue des champions : en 2011, le football féminin commence à se faire une place dans le paysage sportif français. Mercredi, les Bleues, d’ores et déjà qualifiées pour les Jeux de Londres, affronteront les Etats-Unis, nation la plus titrée où le « soccer » jouit d’une reconnaissance à part entière. Le football y est en effet le sport féminin le plus pratiqué, devant le basket-ball qui règne pourtant en maître chez les hommes. Très populaire dans les universités nord-américaines, le ballon rond compte près de 2 millions de licenciées et il domine même dans les catégories juniors, au collège et lycée. En 1991, les Etats-Unis étaient le premier pays à organiser un championnat professionnel, dix ans après le succès de leur équipe à la première Coupe du Monde. Aujourd’hui, la « Women’s Professionnal League » compte six clubs gérés par des actionnaires privés à la manière des franchises NBA, qui décident ou non de se réinscrire à chaque saison. Ainsi, le FC Gold Pride, champion 2010, ne défend pas son trophée cette année pour cause de difficultés financières. Un titre auquel a participé Camille Abily, numéro 10 des Bleues, qui a senti aux « States » une ferveur incomparable : «Au niveau universitaire, il n’y en a que pour le soccer. Les femmes y jouent davantage que les hommes. C’est impressionnant. Quand on se balade dans un parc, on voit énormément de gamines jouer au football. J’espère voir ça un jour en France. Les stades sont pleins. Pour les matches de championnat, on pouvait monter de 6 000 à 8 000 spectateurs. » Parmi les légendes du championnat US, Kristine Lilly, 352 capes en sélection et Mia Hamm, considérée comme la meilleure joueuse de tous les temps (aujourd’hui retraitée), ont longtemps porté le flambeau de ce sport outre-Atlantique. Pas étonnant de voir les Américaines briller dans les grandes compétitions comme leurs homologues brésiliens : deux titres mondiaux et trois médailles d’or aux JO.

Au Tour de la France ?

Un succès populaire que l’Hexagone commence à peine à expérimenter : seulement 50 000 licenciées pour l’heure, dont… 32 disposent d’un statut professionnel. La plupart de ces contrats équivalent à ceux de la CFA masculine, soit environ 500 euros par mois… Exemple le plus éloquent : Sandrine Soubeyrand, capitaine des Bleues, reste une joueuse amateur et travaille comme directrice d’école en banlieue parisienne. Il parait que les audiences historiques de France-Angleterre auraient donné envie à TF1 de racheter les droits de la finale en cas de qualification mercredi. De quoi servir de tremplin à un engouement post-Coupe du monde comme la France en a déjà connu. Il y a 13 ans jour pour jour, le 12 juillet 1998, la France était sacrée championne du monde chez les garçons…