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Parreira, le bâtisseur

Le sélectionneur brésilien façonne les Bafana Bafana

Le sélectionneur brésilien façonne les Bafana Bafana - -

En dépit d’un manque criant de moyens, le sélectionneur brésilien des Bafana Bafana a su construire un collectif capable de semer le trouble dans le groupe A. Secrets d’un sorcier

83e nation au classement FIFA ! L’Afrique du Sud est la moins bien classée de toutes les sélections engagées à la Coupe du monde 2010. C’est dire le défi relevé par Carlos Alberto Parreira à la tête des Bafana Bafana. A 67 ans, le technicien brésilien a toutefois des arguments à faire valoir. Il participe à sa sixième phase finale. Un record mondial !

L’homme a des principes : discipline, organisation, état de forme. Il ne laisse rien au hasard. A l’opposé du football brésilien traditionnel, il est l’apôtre d’un football prudent et défensif, basé sur la contre-attaque. C’est comme ça qu’il a ramené la Coupe du monde au Brésil en 1994. La puissante presse brésilienne avait parlé de « Jogo feio », jeu laid. Lui n’en a cure. « Il n’y a que l’efficacité qui compte, affirme-t-il. Le but est juste un petit détail d’un match. » Des propos iconoclastes mais qui résument sa philosophie de jeu.

Lorsqu’il reprend en main la sélection sud-africaine en octobre 2009, Parreira n’arrive pourtant pas en terrain conquis. Son premier passage à la tête des Bafana Bafana de 2007 à 2008 s’est terminé sur un malentendu. Il quitte l’Afrique du Sud pour rejoindre sa femme souffrante au Brésil. Mais ses résultats ne sont pas fameux. Plus grave, il recommande son adjoint Joël Santana comme successeur. L’échec est cuisant.

Il crée un groupe et fait taire les egos

Il est rappelé en catastrophe en octobre 2009. Jomo Sono, la légende sud-africaine, parle « d’une erreur de casting ». Le Brésilien obtient néanmoins les pleins pouvoirs. Ses priorités : créer un groupe et museler les egos. Il lui faut aussi inculquer ses principes de jeu à des joueurs portés sur l’offensive.

La tâche est immense. La seule vraie star de son effectif, Benni McCarthy, est hors de forme. Il décide de trancher dans le vif. Le prétexte : avec son équipier Rowen Fernandez, l’attaquant de West Ham a ramené deux filles à l’hôtel de la sélection après un match amical face à la Colombie, le 27 mai dernier. Il écarte les deux joueurs de la liste des 23. Le groupe, formé en majorité par des joueurs du cru, se resserre. Certains cadres se révèlent. Comme Steven Pienaar, le milieu d’Everton, ou Teko Modise, le joueur des Orlando Pirates.

Sévère, sans concessions, il n’oublie pas que ses joueurs sont aussi des hommes. « La pression qui pèse sur leurs épaules est terrible », reconnaît-il. Pour faire baisser la tension, il les autorise à retrouver de temps en temps leurs proches. Face au Mexique (1-1), vendredi, dans le chaudron du Soccer City stadium de Johannesburg, il a su également remettre son équipe, tétanisée par l’enjeu en première période, sur de bons rails. « Il a su nous rendre confiance, souligne Steven Pienaar. Il nous a dit de jouer, de nous lâcher… »

Des mots simples, forts qui ont transformé des joueurs moyens en héros de tout un peuple. Uruguayens et Français connaissent désormais la tâche qui les attend…

M.A. à Johannesburg