Pierre, de Guadalajara à Durban

L'équipe du Brésil - -
Français pour l'état civil, brésilien de coeur, Pierre François sera une nouvelle fois derrière la Seleçao contre le Portugal ce vendredi à Durban.
« Regardez la consternation dans le camp brésilien. Celui-ci ne veut plus entendre la foule. Il se bouche les oreilles. » Ce 21 juin 1986, Michel Drucker dissimule à peine son émotion après la magnifique victoire aux tirs au but des Bleus contre le Brésil. A l'image, un jeune homme de 31 ans qui se bouche les oreilles, entouré de supporters auriverde. Vêtu de son maillot jaune, Pierre François supporte le Brésil depuis toujours. Malgré sa nationalité française. « Je suis né aux Antilles. Il y a 55 ans, on ne se retrouvait pas dans le football français, explique-t-il aujourd'hui. Nous, c'était le football grigri et géographiquement, le Brésil représentait ce football. »
Alors depuis 1982, il parcourt le monde entier. L'Espagne, le Mexique, l'Italie, les Etats-Unis, la France, la Corée du Sud, le Japon, l'Allemagne et maintenant l'Afrique du sud, il n'a manqué aucune Coupe du monde. En 1986, il a même rencontré un groupe d'une dizaine de Brésiliens avec qui il se retrouve tous les quatre ans. « Un mois tous les quatre ans… c'est déjà pas mal », lâche le Guadeloupéen sans se dépareiller de son sourire. Football brésilien et musique, ceux-là étaient fait pour s'entendre.
La barbe est aujourd'hui grisonnante, la passion intacte. Directeur d'un centre de jeunes en difficulté en Guadeloupe, il s'offre son mois de vacances pour suivre ses protégés. Il ne dispose pas encore de billet pour la finale, mais comme il l'a fait en 1994, il se dit prêt à débourser 1500€, voire 2000€. Il y a 24 ans, sa mère aujourd'hui décédée, découvrait avec stupeur son fils à la télévision. Cette fois-ci, Luis Fernandez ne sera plus là pour briser son rêve.