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Thiago Silva, capitaine en perdition

Thiago Silva

Thiago Silva - -

Le comportement du défenseur central brésilien Thiago Silva inquiète son sélectionneur et le pays tout entier, avant le quart de finale contre la Colombie vendredi (22h). Une psychologue a même été appelée à son secours.

L’air devient irrespirable autour de la Seleçao. Comme si un psychodrame se jouait devant la presse et les supporters. Un homme en particulier suffoque dangereusement dans cette touffeur brésilienne : Thiago Silva, qualifié de « capitaine indigne » par son sélectionneur Luis Felipe Scolari. L’ancien entraîneur de Chelsea ajoute que le Parisien ne « s’était pas comporté en homme » face au Chili (1-1, 3-2 aux t.a.b.) en huitièmes de finale samedi dernier. La faute sûrement à son attitude au moment de la séance de tirs au but. Alors que ses coéquipiers étaient réunis autour de Scolari, Thiago Silva préférait s’isoler pour fondre en larmes, assis sur un ballon. Dans la foulée, il demande même à son sélectionneur à ne pas figurer parmi les cinq tireurs de son équipe.

Déjà avant le match de poule contre le Mexique (0-0), l’ancien joueur de l’AC Milan avait pleuré dans le couloir menant à la pelouse. Après une fin de saison moyenne avec le PSG, son association en défense centrale avec le néo-parisien David Luiz montre des signes de fébrilité. Trop fragile le capitaine auriverde ? Thiago Silva estimait pourtant récemment que la pression était « bonne ». « On n'est pas gêné, ça fait partie du football, ajoute-t-il. Si tu ne supportes pas la pression, change de métier ! » Dans de nombreuses interviews accordées avant le début de la compétition, l’homme aux 50 sélections (pour 2 buts) n’avait qu’un seul objectif en tête : remporter le Mondial à domicile le 13 juillet au Maracaña de Rio. Toute autre issue, même une finale perdue, serait considérée à juste titre comme un échec retentissant.

Une psychologue à son chevet

Un peu trop fanfaron ? Avant le Mondial, en tout cas. Car depuis cette bombe lâchée par son sélectionneur, toute la presse s’est emparée de son cas. Le quotidien O Globo y consacrait ainsi un dossier mardi, dont une page complète traite du « cas Thiago Silva », en analysant, photos à l'appui, l’état éperdu du défenseur du PSG durant les tirs au but. Même les anciens s’y mettent. « Il ne fait pas une mauvaise Coupe du monde mais nous attendions plus de sa part en tant que capitaine, avoue l’ex-international brésilien Zico (1976-1988). Il est mis en cause sur deux buts encaissés : il ne couvre pas sur le but des Croates (3-1) et il ne suit pas l’action sur celui des Camerounais (4-1). » Même son de cloche chez Carlos Alberto Parreira, capitaine de l’équipe victorieuse de la Coupe du monde en 1970. « C'est un très bon joueur, un leader, estime l’ancien joueur de Santos. C'est pour cela qu'il a été choisi capitaine, parce qu'il a toutes les qualités. Il ne peut pas paraître ainsi abattu. Il doit vibrer, tirer les autres vers le haut. »

Le constat effectué, l’encadrement de l’équipe brésilienne a pris une mesure radicale. Avant qu’il ne soit trop tard. Il vient d’ailleurs d’être déchargé de certaines de ses responsabilités de capitaine au profit de David Luiz. Le staff prend donc au sérieux les pleurs de Thiago Silva et de quelques-uns de ses coéquipiers. « Je suis un homme qui pleure », avouait-il avant d’affronter le Chili. Pour résoudre ce problème latent, Scolari s'est en effet résolu à faire appel à la psychologue Regina Brandao afin de de stabiliser l’état émotionnel de l'équipe avant le match couperet face à la Colombie. Officiellement pour les 23 sélectionnés. Pas de doute en revanche sur l’identité de son premier patient.

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Adrien Debargue