
Dopage : le foot allemand rattrapé par son passé

- - AFP
C’est un mini-tremblement de terre qui ébranle le football allemand. L’onde de choc est partie de la commission d’évaluation du sport et de la médecine, qui a mis en cause Stuttgart et Fribourg pour leurs pratiques dopantes entre « la fin des années 1970 et le début des années 80 ». Et avant même que les acteurs de cette époque ne s’expriment, la presse d’outre-Rhin s’est ruée sur cette véritable affaire d’Etat. Comme souvent, le Frankfurter Allgemeine Zeitung n’y est pas allé par quatre chemins en exprimant sa position tranchée sur le sujet. Le quotidien de Francfort exhorte tout simplement les différents protagonistes à révéler leurs pratiques dans un laconique : « Il est temps de parler ».
Pour le FAZ comme le reste de la presse allemande, le doute n’est plus permis. Et si le journal tolère que « les joueurs ne se sentent pas forcément responsables », il ne fait aucune concession sur la réalité de ce système pour lequel l’omerta a trop longtemps duré. Die Tageszeitung fait le même constat en interviewant un journaliste proche du dossier pour qui la relation étroite entre Armin Klumper (médecin mis en cause dans l’affaire) et l’actuel sélectionneur de la Mannschaft est un élément prouvant les pratiques illicites du club souabe.
Scholl : « Le footballeur est un peu utilisé comme cobaye... »
En 2013, un rapport de l’université Humboldt de Berlin a révélé que certains champions du monde 1954 avaient pris du Pervitin, un stimulant. Mais cette fois-ci, c’est la génération Rummenigge-Hoeness-Breitner qui est dans l’œil du cyclone. Et plusieurs déclarations vont dans le sens d’une utilisation de produits dopants, notamment celle de Karl-Heinz Förster au Sueddeutsche. Selon l’ancien international et ex-joueur du VfB durant la période incriminée, « si vous voulez être en forme, vous devez aussi faire quelque chose de déraisonnable ». Quant à Joachim Löw, il s’est contenté d’affirmer au Bild qu’il a « toujours refusé » le dopage. Une façon comme une autre de reconnaître qu’il savait que le dopage avait cours dans le milieu.
En revanche, pour Jürgen Klopp, actuel entraîneur du Borussia Dortmund, les responsables sont les médecins, comme il l’a confirmé au Zeit : « Il se peut que parfois il y ait eu du dopage dans le football. Mais c’est toujours du côté médical, pour essayer des choses ». Une version des faits approuvée par Mehmet Scholl. L’ex-international du Bayern Munich estime qu’au-delà des apports physiques, le dopage fait perdre en technique et en coordination. Et de lâcher, tel un aveu : « le footballeur est un peu utilisé comme cobaye »... La terre n’a pas fini de trembler outre-Rhin.