Drogba, Hazard, Ménez : ils s’engagent pour la Palestine

Didier Drogba - -
Soixante-deux noms. Des connus (Yohan Cabaye, Abou Diaby, Demba Ba). Des moins connus. D’actuels pensionnaires de Ligue 1 (Karim Aït-Fana, Ricardo Faty), d’anciens (Frédéric Kanouté). Avec un effectif riche des présences de Didier Drogba, Eden Hazard, Steve Mandanda ou Jérémy Ménez, bref d’internationaux confirmés et de visages réputés du football européen, voire mondial, il y aurait de quoi monter une belle équipe. En réalité, ce contingent de footballeurs ne s’est pas associé pour un match de bienfaisance, comme le veut généralement la tradition en cas de forte réunion de talents.
Ces 62 footballeurs ont tous signé une pétition pour soutenir la Palestine et protester contre la tenue en Israël, du 5 au 18 juin prochain, du championnat d’Europe 2013 des moins de 21 ans, que les Bleuets d’Erick Mombaerts ont manqué pour un barrage retour cauchemardesque en Norvège et une petite virée nocturne de cinq d’entre eux entre deux rassemblements. Le motif de cette pétition initiée par l’ancien Lyonnais Frédéric Kanouté et publiée sur son site internet ? Pour les 62 signataires, l’UEFA fermerait les yeux sur la récente offensive israélienne sur la bande de Gaza.
« Nous, en tant que footballeurs européens, exprimons notre solidarité avec le peuple de Gaza qui vit depuis trop longtemps en état de siège, et dont on refuse les droits humains les plus fondamentaux : la dignité et la liberté. Les derniers bombardements israéliens sur Gaza, provoquant la mort d'une centaine de civils, ont été une nouvelle offense à la conscience du monde. » Les footballeurs mobilisés évoquent notamment le bombardement du Palestine Stadium de Gaza le 10 novembre dernier, ayant engendré la mort de quatre adolescents. Ou encore les cas des deux footballeurs du club d’Al Amari, Omar Rowis (23 ans) et Mohamed Nemer (22 ans), emprisonnés en Israël.
« Pas un boycott total du pays »
« C'est inacceptable que des enfants soient tués alors qu'ils jouent au football, poursuit la lettre. Dans ces circonstances, l'accueil du championnat d'Europe des moins de 21 ans, serait perçu comme une récompense pour des actes, contraires aux valeurs du sport. Malgré le cessez-le feu récent, les Palestiniens sont toujours contraints de supporter une existence désespérée sous l'occupation. Ils doivent être protégés par la communauté internationale. Toutes les personnes ont le droit à une vie de dignité, de liberté et de sécurité. Nous espérons qu'un règlement juste finira par émerger. »
Une pétition qui n’est pas un appel au boycott pur et simple de l’Euro des moins de 21 ans pour Ricardo Faty, le milieu de terrain d’Ajaccio, sensibilisé par son frère, Jacques, et des amis comme Moussa Sow (Fenerbahçe). « Ce n'est pas un boycott total du pays, explique l’intéressé. On veut seulement ouvrir les yeux des gens sur ce qu'il se passe là-bas car il se passe des choses très graves. Il ne s’agit pas de créer une polémique, de mettre le feu aux poudres ou de pointer du doigt le pays. Si finalement la compétition a lieu là-bas, il n'y aura pas de problème. On fait ce qu’on peut à notre échelle. »
Le titre de l'encadré ici
Piat : « Un footballeur est un citoyen comme un autre »|||
Le vice-président de l’Union Nationale des Footballeurs Professionnels, Philippe Piat, estime que les joueurs qui ont signé la pétition de soutien à la Palestine et de protestation l’organisation de l’Euro des moins de 21 ans en Israël sont dans leur droit. « Nous sommes un syndicat apolitique, chacun doit se déterminer en fonction de ses sensibilités, rappelle Piat. On se donne, depuis des décennies, l'objectif de ne pas prendre de décision politique. C'est légitime que les joueurs fassent ce qu'ils ont envie de faire, comme tous les citoyens. Il n'y a pas que les footballeurs qui sont sollicités et qui donnent leur avis là-dessus. Un footballeur est un citoyen comme un autre. Ils ont les réactions que leurs sensibilités personnelles leur conseillent. Un footballeur ne doit pas forcément prendre des positions politiques, mais il le peut. Sur quelque sujet que ce soit, ça ne l'engage que personnellement. »