Emotions et Positions...

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« Mes joueurs ont été émouvants », c’est beau non ? A défaut, vous en conviendrez, c’est au moins original. Non seulement, il a apporté un regard neuf sur le foot en Italie, mais voilà qu’en plus, Cesare Prandelli nous offre de nouveaux éléments de langage. Eh oui son équipe est belle, vaillante et émouvante. Eh non, il n’a pas pleuré sur la défaite, préférant parler du très bon match de son équipe. Un très bon match qui n’a donc pas suffi. L’Espagne reste imbattable. Pas injouable, puisque l’Italie a offert une bonne réplique en tentant de jouer. Pas injouable non plus quand certains essayent autrement. Mais imbattable, oui. Même en résistant, et peu importe comment, même en allant disputer une séance de tirs aux buts, on n’y arrive pas. C’est pourtant incertain une séance de TAB. Eh bien non, l’Espagne réduit partout l’idée d’incertitude. Un péno, c’est un geste technique à la portée de n’importe quel joueur pro (enfin ça dépend…), mais gérer l’émotion qui entoure le geste, voilà la principale difficulté. Dans le jeu, comme dans l’exécution de n’importe quel geste, les Espagnols sont parvenus à une gestion exceptionnelle de l’événement. Ça se voit sur leurs visages. Les attitudes ne trompent pas, il y a comme un rejet de l’émotion négative, de la pression. C’est comme s’ils étaient revenus à l’idée pure du jeu, sans les contraintes du sport, qui plus est, pro. Dimanche, le Brésil essaiera de faire tomber le monstre. Résister et tenter sa chance aux TAB ne suffit pas, alors il reste peut-être l’idée d’être porté par des supporters, d’être plus frais physiquement… En tous cas, chaque match de cette insatiable Roja devient passionnant.
L’un des maîtres penseurs espagnol est aujourd’hui en Allemagne. Pep Guardiola est arrivé et a dirigé sa première séance au Bayern. Visiblement, il a parlé et a déjà quelques idées. L’une d’elles serait de faire jouer Ribéry en 10. Bouger Ribéry de son côté gauche, une folie !! Quand on sait le nombre de « caprices » faits par notre vedette nationale à ce sujet, on se dit que Guardiola est fou. Eh bien en fait non. Ribéry lui a en effet répondu : « Je joue où vous voulez coach ». On ne sait pas si, à la lecture de l’Equipe ce jeudi, Domemech a eu la nausée, mais il y a de quoi. Et les supporters de l’EDF peuvent aussi être choqués quand on sait à quel point Ribéry a pourri les Bleus avec ses caprices au sujet de sa position. Au-delà des faits, cette histoire est très intéressante. Elle explique en effet toute la difficulté du métier de coach aujourd’hui. On en fait des tonnes sur le bon ou le mauvais entraîneur. Sur le message, la tactique. Mais c’est un peu comme pour celui qui fait la passe sur le terrain, l’important c’est aussi qui est, et où se trouve celui qui réceptionne. C’est l’idée du mouvement collectif. Guardiola, parce qu’il est Guardiola, obtient ce qu’il veut. Il a gagné, il a son visa multilingue pour parler aux joueurs. Son crédit lui permet de ne se soucier que du jeu. C’est une liberté considérable pour un coach. Et quand on a cette liberté, imposer une tactique devient beaucoup plus simple… Un jour, Carlos Bilardo, ex-sélectionneur Argentin a dit : « un joueur de foot, c’est comme une femme, c’est difficile de le faire évoluer dans une position qu’il n’affectionne pas »… On ne sait pas si Guardiola sait parler aux femmes, mais aux joueurs, c’est certain…
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