Blanc repart de zéro

Laurent Blanc - -
Il arrive avec quelques minutes de retard. La voix hésitante, il lit d’abord un texte soigneusement préparé, pendant une vingtaine de minutes. « Ce n’est pas un exercice facile, la transpiration vous vient assez facilement », glisse-t-il après son exposé, un sourire au coin des lèvres. Il bafouillera souvent, compulsera machinalement ses fiches. Le teint halé sur sa chemisette bleue, quelques gouttes de sueur au coin des joues, Blanc se lance ensuite dans le jeu des questions-réponses, pour la première fois en tant que sélectionneur. Il se décontracte enfin. Mais l’impression d’ensemble est mitigée. Bilan.
Oublier l’Afrique du Sud
Difficile pour le nouveau sélectionneur de ne pas évoquer Knysna, dont il n’arrive pas à prononcer le nom. « J’ai suivi tout cela avec beaucoup de tristesse, assure-t-il. J’ai été indigné par certains comportements. Ce qui m’a le plus choqué, c’est l’attitude du groupe avant le match contre l’Afrique du Sud. On n’a pas pris conscience qu’on pouvait porter atteinte à l’ensemble du football français. » Il refuse pourtant de dire si certains des leaders de la fronde sud-africaine sont désormais bannis. « Ce n’est pas à moi de dire s’il y aura des sanctions, répète-t-il. Je ne suis pas le père Fouettard de l’équipe de France. » A tel point qu’il n’a encore eu le moindre contact avec Raymond Domenech.
Imprimer sa patte
« L’équipe de France est à part et au dessus de tout », affirme-t-il en préambule, comme pour rappeler une évidence tant mise à mal ces dernières semaines. Son équipe, il la veut offensive et déterminée, à l’image de ce qu’il a tenté de construire à Bordeaux pendant trois ans. « J’espère constituer une équipe qui maîtrisera le plus possible et subira le moins possible, lâche-t-il fermement. Une équipe qui imposera sa façon de jouer aux adversaires. » Avec le noyau dur de joueurs déjà existant ? « J’aurais bien aimé m’appuyer sur un noyau, répond-il. Mais là, le noyau, ce n’est même pas un pépin de melon… » Pas question pour lui de faire table rase du passé. « Vous seriez les premiers à dire que l’équipe de France est mauvaise, souligne-t-il. Je suis là pour gagner car je vais être jugé sur ça. »
Bien s’entourer
Jean-Louis Gasset sera bien aux côtés du nouveau sélectionneur, en tant qu’entraîneur des Bleus, avec Alain Boghossian comme adjoint. L’ancien Lyonnais Marino Faccioli endossera le costume de directeur administratif. Enfin, Laurent Blanc fait appel à Henri Emile, qui sera coordinateur sportif, et Philippe Tournon, nommé chef de presse. Deux anciens membres du staff de l’équipe de France championne du monde en 1998. Pour le reste, « les réflexions et les entretiens sont en cours ». « Il s’agira d’hommes nouveaux, qualifiés, et je l’espère très compétent. » Sur le terrain, ses critères de sélection ne sont pas d’une grande originalité. « Je vais retenir les meilleurs joueurs à leurs meilleurs postes, pour faire la meilleure équipe possible, explique-t-il. A charge pour eux de témoigner d’un état d’esprit sans aucune ambigüité. » Pour cela, le patron des Bleus a trois maîtres mots : « rigueur, discipline et plaisir ». Des termes qui « ne sont pas incompatibles », selon lui.
Séduire la presse
Pour le nouveau sélectionneur, les relations de l’équipe de France avec les médias doivent être totalement repensées. « Tout le monde me souhaite bon courage, s’étonne-t-il. J’ai l’impression d’aller me suicider ou d’aller à la guillotine ! » Réaliste, il a bien conscience que « les parties de cache-cache de cour d’école [avec la presse] n’ont jamais débouché sur rien de positif ». Il est prêt à « faire un effort » pour s’ouvrir aux médias. « Je n’accepterai pas une équipe de France vivant en vase clos. » Cela ne l’empêche de lâcher quelques piques, qualifiant notamment « d’interférence » la présence de la presse, où s’étonnant de voir les télévisions diffuser les entraînements de l’équipe de France en direct. « J’aimerais, je veux, je ne vais pas dire j’exige, que les relations avec les médias soient dépassionnées, respectueuses et pourquoi pas courtoises. » A vérifier dans les prochaines semaines.