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C’est l’histoire d’un fiasco

L'équipe de France de foot

L'équipe de France de foot - -

Alors que les Bleus reviennent ce jeudi matin au pays après une nuit dans l’avion, décryptage de la déconfiture sportive de l’équipe de France. Avec Raymond Domenech en gestionnaire incompétent et irresponsable, et les joueurs en gamins trop sûrs de leur talent.

Maintenant que tout est fini, que l’équipe de France va atterrir à l’aéroport du Bourget et s’évanouir dans la nature pour des vacances tellement imméritées, les langues vont se délier. On apprendra notamment que la fracture entre l’effectif et Raymond Domenech ne remonte pas à ces derniers jours. Depuis des mois, les joueurs ne sont pas satisfaits de la stratégie du sélectionneur, de sa méthode et du contenu de ses entraînements, pas digne selon eux du niveau international. Mais ils auront été trop lâches pour le révéler publiquement, craignant de perdre leur place. Sous l’impulsion à l’époque de Thierry Henry, William Gallas mais aussi, déjà, de Patrice Evra, les Bleus avaient tenté de changer les choses en septembre 2009. C’était à Clairefontaine, avant le match de la Roumanie (1-1).

La discussion avait été qualifiée de « constructive ». Un certain élan avait même été trouvé afin d’assurer la qualification. Mais Domenech a rapidement été rattrapé par ses vieux démons, et la situation n’a fait qu’empirer dès le début de la préparation pour le Mondial. Les joueurs ont été livrés à eux-mêmes, même pas sondés sur des sujets fondamentaux.

Tout commence par l’attribution du brassard de capitaine à Patrice Evra, qui a surpris tout le monde, y compris le groupe. La Coupe du monde n’a même pas commencé que des cadres comme Eric Abidal, Thierry Henry, Franck Ribéry et surtout William Gallas sont déjà sportivement et psychologiquement affaiblis. Autre épisode : le changement tactique le jour même du premier match face à l’Uruguay. Selon nos informations, Raymond Domenech décide de passer du 4-3-3 au 4-2-3-1 uniquement parce que Florent Malouda avait quelques jours plus tôt lors d’un entraînement signifié à son coach qu’il ne souhaitait pas reculer au poste qu’occupera finalement Abou Diaby. Un incident mineur. Mais Domenech préfère déstabiliser son groupe plutôt que donner des gages à un joueur pourtant auteur d’une saison exemplaire à Chelsea.

Des pleurs, des humiliations, du ridicule

Après le Mexique, l’affaire Anelka fait tout exploser. Les joueurs sont ulcérés par la manière dont l’attaquant est obligé de quitter le groupe. Ils en veulent à Jean Pierre Escalettes et à leur sélectionneur, accusés de n’avoir pas su régler le problème dès le soir du match. La star de Chelsea, en pleurs, est lâchée dans la nature samedi soir comme un délinquant. Il fera six heures de route avec son avocat pour rejoindre l’aéroport du Cap, direction l’Angleterre.

Le lendemain matin, Eric Abidal et Patrice Evra, avec l’accord du reste du groupe, évoquent le sujet avec le sélectionneur. Ils déballent tout. Leur malaise, leur incompréhension, le manque de travail aux entraînements, ses non-sens tactiques. Domenech essaie de se justifier mais sans y parvenir. Il se laisse même aller à quelques confidences sur sa gestion hasardeuse des choses et perd ses dernières onces de crédibilité auprès de deux cadres de l’équipe. La grève de l’entraînement, dimanche 20 juin, restera le summum de l’affrontement entre les joueurs, le coach mais surtout la Fédération. Si des joueurs ne sont pas d’accord avec la méthode, les Bleus se ridiculisent aux yeux du monde entier. Certains vont vite le regretter. D’autres (Cissé, Evra) verseront quelques larmes plus tard.

Face à l’Afrique du Sud, Domenech ridiculise une dernière fois William Gallas en lui préférant Alou Diarra pour le poste de capitaine. Pour sa dernière en Bleu, Henry démarre sur le banc. Les joueurs ne comprennent pas la composition du onze de départ. Pour sa dernière causerie, Domenech est sec et distant. Après le match, Yoann Gourcuff tombe dans les bras de son ami Marouane Chamakh comme s’il n’avait pas vu un proche depuis des semaines.

Dans le bus puis dans l’avion du retour, c’est le silence. Certains joueurs s’isolent et organisent leurs vacances. Leur dernière nuit sud-africaine sera courte. Certains ne trouvent pas le sommeil avant six heures du matin. Florent Malouda quitte le groupe le premier, avec l’accord du staff, aux alentours de 15h. Thierry Henry, reçu ce jeudi par le président de la République, quitte avec le reste du groupe le camp retranché du Pezula à Knysna à 19h15. L’avion décolle dans la soirée, avec deux escales avant le retour à Paris : le Cap, pour des formalités douanières, et Libreville. Les Bleus reviennent en France le moral en berne. Certains pourraient ne pas s’en remettre. Car l’heure des révélations commence à peine.

Marc Benoist à Knysna