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Darmon : « Il faut une tolérance zéro »

Jean-Claude Darmon

Jean-Claude Darmon - -

Ancien « grand argentier » du foot français entre les années 1970 et 2000, Jean-Claude Darmon jette un œil amer sur le parcours des Bleus à l’Euro. Selon lui, une révolution des mentalités est nécessaire.

Son sentiment après l’Euro des Bleus

« Je ne suis pas remonté, je suis abasourdi. Je n’ai pas de mots pour vous dire ce que je ressens en tant que supporter du beau football. On nous a dit que l’Italie était à l’agonie. Mais mon Dieu, quel beau football ! Ils ont leur Zidane, Pirlo, et des porteurs d’eau capables de se défoncer pour jouer au football. On manque de panache, de force, d’amour. Ces joueurs ne donnent pas d’amour. »

Les dérapages de certains joueurs

« Les responsables sont les centres de formation. A l’époque, on formait des hommes et des footballeurs. Maintenant, on ne forme que des footballeurs. Ils oublient tout ce qui est essentiel à la vie sociale. Les jeunes ne connaissent pas la Marseillaise, le drapeau tricolore. Ils ont 20 ans et partent déjà à l’étranger. Ils ne connaissent rien de leur pays. C’est la plus grave des erreurs. Je propose qu’au centre de formation, il y ait de l’instruction civique. Que le matin au lever, on lève le drapeau tricolore et qu’on chante la Marseillaise. On n’est pas au FN, on est Français. Il ne faut pas en avoir honte. Quand on voit les joueurs, ils ont tous un casque sur la tête, ils ne se parlent pas. A l’époque, les joueurs déconnaient, riaient. Il n’y a pas de solidarité, pas de patron, d’où cet échec. »

Faut-il appliquer des sanctions ?

« Non. La seule sanction valable, c’est le sélectionneur qui la détient. Il n’y a pas besoin de faire de vagues. L’entraîneur ne sélectionne pas les joueurs en question, point. Il faut arrêter ! Si Laurent Blanc considère qu’ils se sont mal conduits, il sait ce qu’il lui reste à faire : il ne les prend pas et ne dit pas pourquoi. Laurent Blanc ou un autre, le sélectionneur est le patron de l’équipe de France. Avec Michel Hidalgo ou Aimé Jacquet, ça ne rigolait pas. Les joueurs respectaient le contrat moral. »

Les solutions pour l’avenir

« Il faut une tolérance zéro et repartir de zéro. Qu’on arrête de me dire que le football s’inscrit dans notre vie quotidienne ! Ce n’est pas vrai. Dans la vie, il y a des problèmes, mais on est capable d’éduquer les joueurs et d’en faire des hommes de très grande valeur et des joueurs de très haut niveau. On ne le fait pas et c’est bien dommage. Le binôme éducateur-dirigeant est sur la sellette. C’est à eux de réfléchir à l’avenir des gamins. On ne peut pas dire aux parents qu’on a fait de leur enfant un grand footballeur qui gagne 100 000 euros nets par mois. Ça ne suffit pas et ça ne résout pas tous les problèmes. »

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