RMC Sport

De Knysna à la Bosnie, les Bleus font toujours débat

Les Bleus

Les Bleus - -

S'ils ont rempli leur objectif en se qualifiant pour l'Euro 2012, les joueurs de l'équipe de France continuent de soulever certaines interrogations. Passage en revue des questions chaudes qui entourent encore le quotidien des Bleus.

Les Bleus se sont-ils trouvé un patron ?

NON. En profonde jachère après le fiasco sud-africain, le jeu de la France n’a guère évolué. Il y a eu du mieux certes en ce sens. « Il y a évidemment des éléments qui se dégagent », estime Luis Fernandez. Comme Marvin Martin en Ukraine (4-1), ou le Rennais Yann M’Vila. Des prises de conscience aussi, à l’image d’un Karim Benzema transfiguré, en club comme en sélection (13 sélections avec Blanc, 5 buts) et désormais incontournable devant. Mais pas de réel patron, celui dont on attend la touche technique et l’inventivité nécessaire pour faire rayonner le jeu tricolore. Ce rôle-là, Martin l’a tenu un quart d’heure face aux Ukrainiens. Nasri, celui dont on attend qu’il pose définitivement le jeu des Bleus, a prouvé qu’il en avait l’étoffe. Contre la Norvège, l’Angleterre, l’Albanie et la Bosnie. Jamais sur la durée donc. « C’est un joueur qui peut prendre du volume. Peut-être que Franck Ribéry, s’il retrouve son meilleur niveau… Il faudra aussi attendre le retour de Yohan Gourcuff. Pour l’instant, il n’y a pas de joueur au-dessus des autres.»

Et des tauliers ?

OUI. Si Laurent Blanc a encore écarté pour le moment l’idée de désigner un seul capitaine, le technicien peut s’appuyer sur un « conseil des sages ». Hugo Lloris, Alou Diarra, Eric Abidal, Florent Malouda et même s’il est blessé pour le moment, Philippe Mexès le constituent. L’un d’entre eux sera assurément le prochain capitaine de l’Equipe de France. La préférence du sélectionneur va pour le moment à Hugo Lloris, un élément neuf et indiscutable sur le terrain. Mais Blanc a également un faible pour Eric Abidal, très populaire dans le vestiaire et parfait trait d’union entre l’ancienne et la nouvelle génération. « Eric, c’est quelqu’un de très important pour l’équipe, a relaté ce mercredi Marvin Martin. Comme Patrice ou Florent. Mais même si Patrice le fait beaucoup, celui qui parle le plus, c’est Eric.» Longtemps dans la course et fortement pressenti dans ce rôle, Alou Diarra conserve l’estime du sélectionneur qui loue son expérience et son vécu en Bleu, mais paie ses difficultés en club et en sélection.

Blanc a-t-il su insuffler une dynamique ?

OUI. Les chiffres sont éloquents. Les Bleus ont disputé 17 matches (amicaux et éliminatoires confondus) sous les ordres de Laurent Blanc. Ils en ont perdu deux et concédé à cinq reprises le match nul, pour dix victoires dont deux de prestige, contre les Anglais (2-1) et le Brésil (1-0). Mieux, les Tricolores restent sur une impressionnante série de quinze matches sans défaite. Des statistiques qui font du bien aux têtes françaises et qui prouvent l’élan nouveau apporté par le technicien cévenol. « Il essaie d’avoir une certaine maîtrise dans le jeu, d’avoir un jeu de passes, de développer quelque chose, note Luis Fernandez. On ne joue pas n’importe comment. »

Y a-t-il des raisons d'être inquiets pour la défense ?

OUI et NON. Avec quatre buts encaissés en dix matches, la France possède derrière l’Italie (3 buts) la deuxième meilleure défense des éliminatoires de l’Euro. « On n’a pas une défense qui prend l’eau, fait remarquer Luis Fernandez. On a une bonne assise. » Pour autant, la blessure de Philippe Mexès, initialement installé dans l’axe tricolore aux côtés d’Adil Rami, a affiché l’absence de solutions de rechange derrière cette charnière-type. Ni Sakho, ni Kaboul n’ont renversé la hiérarchie. Dépanneur dans l’axe, c’est à gauche qu’Abidal donne le plus de satisfactions. Enfin, Rami a affiché ces dernières semaines une fébrilité inhabituelle, avec en point d’orgue sa prestation contre la Bosnie (1-1). Autant d’interrogations, comme celle du retour à son meilleur niveau de Mexès, qui poussent Blanc à observer de plus près les performances de Raphaël Varane au Real Madrid. L’ancien Lensois, s’il poursuit sur sa lancée, pourrait être une des surprises de l’Euro. « Et puis, on a Debuchy qui a bien joué contre l’Albanie, ajoute Fernandez. Ainsi qu’Anthony Réveillère. »

Les Bleus ont-ils restauré leur image ?

NON. Au moment où Laurent Blanc reprend les commandes de l’équipe de France, Knysna est encore présent dans toutes les têtes. Dans la foulée survient « l’affaire » du règlement des primes à gérer. Puis, les revendications des anciens de Knysna (Ribéry) et leurs crispations (Nasri, Evra), étalées sur la place publique. « On ressent toujours des restes de Knysna, estime Fernandez. Pour effacer tout ça, il va falloir faire de bons matches. Atteindre les demi-finales et même, qui sait, la finale du prochain Euro.» Le public n’a pas entendu 2012 et le rendez-vous polonais pour suivre les performances tricolores. Ils étaient 65 000 à garnir les tribunes du Stade de France contre l’Albanie, puis 78 457 mardi face à la Bosnie. TF1, diffuseur des deux rencontres, a enregistré 29,1 % (7 022 000 téléspectateurs) et 31, 9 % (8 205 000 téléspectateurs) de part de marché. Les Bleus suscitent de nouveau l’intérêt des Français. Mais ce n'est pas encore ça.

Les anciens Bleus de Knysna doivent-ils céder leur place à la nouvelle génération ?

OUI et NON. En raison de leur attitude provocante (« Pas si facile de remplacer Evra, n’est-ce pas ? », « Le sélectionneur n’a qu’à me dire les choses entre quatre yeux »), Patrice Evra, Samir Nasri et Franck Ribéry ont agacé un public qui les avait déjà bannis en partie (sauf Nasri) de leur esprit. Pour autant, leur présence n’a pas été négative dans le parcours des Bleus au cours de ces éliminatoires. S’il y a eu quelques déceptions (Ribéry, Malouda, Nasri), il y a eu, aussi, de sérieuses satisfactions (Eric Abidal, Hugo Lloris, Bacary Sagna et Anthony Réveillère). Ces éléments-là ont apporté l’expérience souhaitée à un groupe jeune, talentueux mais parfois encore un peu tendre au très haut niveau. « On aimerait avoir Valbuena, Ménez, Gomis… Ce groupe est en train de se constituer, de grandir, rappelle Fernandez. Aux jeunes de prendre conscience qu’ils ont un beau coup à jouer en vue de l’Euro. Quant aux anciens, beaucoup de gens ne leur ont pas pardonné. Il faut qu’ils fassent très attention et qu’ils aient une bonne attitude sur le terrain. »

Le titre de l'encadré ici

Le programme des Bleus jusqu'à l'Euro : |||

Vendredi 11 novembre : France-Belgique (amical, au Stade de France)

Mardi 15 novembre : France-Etats-Unis (amical, à Strasbourg ?)

Vendredi 2 décembre : tirage au sort de l’Euro 2012 à Kiev

Mercredi 29 février 2012 : Allemagne-France (amical, à Brême)

En guise de matchs de préparation, 3 autres rencontres à déterminer seront disputées juste avant l’Euro (toutes en mai, ou deux en mai + une en juin).

Vendredi 8 juin 2012 : début de la phase finale de l’Euro