Défense en travaux

Pas de bonne équipe sans une bonne assise défensive. C’est un adage, une logique irréfutable au football. Surtout dans un sport devenu au fil du temps beaucoup plus tactique que technique. Les succès de l’équipe de France, championne du monde et d’Europe en 1998 et 2000, sont là pour nous le rappeler. Tous les observateurs s’accordaient à dire qu’elle possédait la meilleure défense au monde. Il est aujourd’hui loin le temps où la sélection tricolore et ses quatre mousquetaires étaient irréprochables et imperméables.
Depuis l’Euro 2008, le grand chantier de l’Equipe de France concerne essentiellement ce secteur de jeu. En neuf rencontres, les Bleus ont encaissé quinze buts, soit une moyenne de 1,67 but par match. Une statistique inquiétante. Indigne de l’une des plus grandes nations du football. Pire, hormis les matchs nuls (0-0) face à la Roumanie lors du championnat d’Europe et l’Uruguay dernièrement en amical, les Bleus ont au minimum, à chaque sortie, encaissé un but. Le potentiel offensif de l’Autriche, la Serbie ou encore de la Tunisie est pourtant loin d’être terrifiant.
Le mal être défensif français est d’autant plus criant sur les coups de pied arrêtés. Manque d’implication et de concentration, les Bleus ont notamment encaissés deux buts sur coups-francs indirects et quatre sur corners. Symbole d’une passivité qu’il va vite falloir corriger. Attentistes, les défenseurs tricolores n’arrivent que trop rarement à couper la trajectoire du ballon et connaissent les pires difficultés à être plus prompts que les attaquants adverses. Un problème de tempérament et d’engagement, imputable, pour le coup, à toute l’équipe. A l’instar de Steve Mandanda, qui ne soulage pratiquement jamais ses coéquipiers par des sorties aériennes. Les buts pris en contre (3) ou sur des ballons glissés en profondeur (2) ainsi que les nombreuses erreurs de marquage (6) illustrent également parfaitement la difficulté française à se replacer.
Une charnière centrale en souffrance
Raymond Domenech cherche en tout cas toujours la défense idéale. La recette miracle. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Si les postes des latéraux apparaissent fournis (Fanni et Sagna à droite ; Abidal, Evra et Clichy à gauche), l’énigme et l’incertitude reposent surtout sur la charnière centrale. Gallas et Mexès ont été alignés trois fois, Gallas et Abidal, deux, comme Boumsoung et Abidal. La priorité du sélectionneur est de dégager une hiérarchie. Le plus rapidement possible. Pour créer des automatismes et dégager l’assurance et la sérénité qui fuit la défense des Bleus depuis trop longtemps. Et pour stopper l’hémorragie, qui, au fil des matchs, fragilise toute l’équipe.