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Equipe de France féminine: "Un rêve d'enfant", Vicki Becho raconte sa joie d'être avec les Bleues

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Surclassée en club et avec les Bleuettes, Vicki Becho a toujours franchi les étapes plus vite que les autres. Produit du centre de formation parisien, la Titi a été l'une des prises de l'Olympique lyonnais lors du départ de Bruno Cheyrou pour le Rhône. Cette saison, elle a franchi un palier, profitant de quelques blessures à l'OL, pour gagner du temps de jeu, et réaliser des performances de premier choix (31 matches joués, 10 titularisations, 4 buts), lui ayant valu une place dans les 23 d'Hervé Renard. A deux semaines du Mondial, l'attaquante de 19 ans se confie à RMC Sport.

Vicki, quelle sensation domine depuis que vous êtes dans ce groupe pour la première fois ? 

C'est incroyable... Pour moi c'est un rêve d'enfant, un objectif aussi depuis quelques années, même cette saison aussi. Je me dis que j'y arrive, que les choses avancent, et que c'est un pas de plus. J'espère continuer comme ça. Cela m'encourage à faire mieux encore. 

C'est un palier important dans votre jeune carrière. 

Je suis une très grande compétitrice. Pour moi il n'y a pas de limite. Je veux être au plus haut niveau, je veux franchir les paliers. C'était un objectif, c'est une chose de faite, je veux continuer à progresser, et encore faire plus de choses. 

Dans quel état d'esprit vous êtes arrivée au château ? Quelle a été votre première impression d'Hervé Renard ?

Je lui ai dit bonjour, j'étais un peu timide, réservée. Il m'a tout de suite mise à l'aise. Il sait mettre à l'aise les jeunes. Je me sens de plus en plus à l'aise. Je le connaissais surtout via mon père qui est ivoirien et ce qu'il a fait avec la Côte d'Ivoire. C'est quelqu'un de grand. Aujourd'hui, qu'il s'intéresse au football féminin c'est énorme pour nous, c'est un pas en avant. Je le regarde aussi avec beaucoup d'étoiles dans les yeux, c'est Hervé Renard quand même (sourire). Je suis jeune, je n'ai pas l'habitude de voir des grandes personnes. C'est incroyable.

Il parle beaucoup avec les cadres, il est dans l'échange permanent aussi avec les jeunes ? 

Dès le premier entrainement, il m'a fait comprendre aussi que je devais me relâcher, il a dû sentir que j'étais un peu crispée. Il m'a dit "fais ce que tu sais faire. Si je t'ai prise c'est pour tes qualités, je sais de quoi tu es capable". Il m'a dit que je devais avoir confiance en moi. 

Est-ce qu'il y a un peu plus de pression d'aborder cette première histoire avec les Bleues ? 

Non, je ne pense pas qu'il y ait de pression. Peut-être par rapport à moi où je me dis "Vicki tu dois le faire". La pression c'est peut-être un peu plus pour les grandes, car elles ont fait bouger les choses et les regards vont être tournés vers eux. Moi je n'ai pas de pression, je me dis que je dois faire ce que je sais faire. 

"Wendie Renard, c'est un exemple. Tout ce qu'elle a réussi c'est énorme. C'est pour ça que je suis toujours à ses côtés."

Il y a des absences. Il y a une place à prendre sur le front de l'attaque. Vous le ressentez ? 

Dans toute ma formation, j'ai pu jouer dans l'axe ou sur les côtés. Même cette saison avec l'OL on a fait appel à moi dans l'axe et sur les côtés en fin de saison. Je peux jouer à ces postes, il n'y a pas de souci. Je répondrai présente là où on fait appel à moi.

Vous êtes venues accompagnée de la capitaine Wendie Renard vers nous, vous êtes inséparables ! 

(sourire) Wendie c'est un exemple. J'ai la chance d'être au quotidien avec elle. Je parle beaucoup avec elle, j'échange beaucoup avec elle. J'essaie de prendre exemple sur elle. Franchement quand on voit tout ce qu'elle a réussi, je me dis que c'est énorme. C'est pour ça que je suis toujours à ses côtés pour être autant travailleuse, et réussir autant de choses qu'elle a pu réussir.    

C'est presque un paradoxe, d'habitude c'est la défenseure qui est au marquage de l'attaquante ! Il y a l'envie de suivre son chemin ? 

Quand j'ai grandi je ne connaissais pas trop le football féminin, il n'y avait pas autant de visibilité qu'aujourd'hui. Pour moi c'était Wendie Renard la joueuse de l'équipe de France. Quand j'ai commencé à l'OL c'était déjà incroyable de vivre avec elle. C'est l'exemple sur la régularité, tout ce qu'elle a pu faire durant sa carrière. C'est une personne qui m'apporte énormément, c'est un exemple.

Vos premiers contacts avec le football c'est dans le mini-stade du quartier ? 

C'est ça. C'est comme ça qu'on évolue, que la technique vient. L'esprit de compétition aussi. On veut jouer avec des grands, on veut montrer que l'on a le niveau, que l'on peut jouer et que le football n'a pas d'âge. Ma technique je la dois à tout ce que j'ai fait au quartier. 

Vous avez dû suivre les compétitions précédentes à la télévision, on attendait toujours un titre. Comment vous voyez la situation actuelle des Bleues qui arrivent un peu cachées à ce Mondial ? 

J'ai surtout regardé la Coupe du monde en 2019. Cela m'a déçu qu'elles n'aient pas pu aller jusqu'au bout surtout en France. Je suis fortement attachée aux grandes de l'Olympique lyonnais, quand je les vois au quotidien, je me dis toujours que c'est incroyable qu'elles n'aient pas encore gagné un grand titre en sélection. On va tout donner, on va faire le meilleur possible, surtout pour leur ramener ce trophée-là, à la France et à nos grandes aujourd'hui. 

"Ramener ce trophée pour nos grandes et pour la France"

Vous avez été championne d'Europe avec les moins de 19 ans, vous pouvez apporter quelque chose avec votre fraîcheur, cette expérience chez les jeunes ? 

Oui bien sûr, il y a aussi quelques filles qui ont remporté l'Euro U19 dans ce groupe. Nous on peut apporter cette folie, cette fougue. Les autres équipes ne nous connaissent pas. On ne nous attend pas, on va un peu créer l'incertitude. C'est bien aussi dans le groupe, on est un peu différentes. On va tout le temps rigoler. J'aime bien taquiner les grandes, les embêter un peu. 

On a l'impression que vous n'avez peur de rien, les anciennes réfléchissaient peut-être un peu trop avant ? 

Je ne sais pas. Mais aujourd'hui le football évolue. Quand on voit les jeunes de l'équipe de France A chez les garçons, la Coupe du monde cet hiver, ils m'ont fait crier dans tous les sens. L'objectif est clair : c'est remporter cette compétition. Je pense que cela peut le faire, et en tout cas pour moi on va le faire. 

Comment vous positionnez-vous en tant qu'attaquante. Quelle est votre relation technique avec Kadidiatou Diani et Eugénie Le Sommer ? 

Pour l'instant je n'ai pas encore eu la chance de jouer avec Kadi (Diani), j'ai plus joué avec Eugénie. La relation va se créer au fil du temps. Sur le terrain, peu importe avec qui je joue, je m'adapte. J'essaierai de les mettre dans les meilleures conditions possibles. L'objectif c'est d'être la plus performante pour l'équipe. Je suis un atout qui travaille pour l'équipe, c'est ce que je vais faire.  

Vous l'avez rêvé ce premier but en Bleue ? 

Ah oui je l'ai rêvé depuis toute petite ! Même la première sélection je l'ai rêvée. Je suis impatiente que les premiers matches commencent et on va tout donner.

Propos recueillis par Anthony Rech