RMC Sport

Euro 2024 (qualifications): que vaut Gibraltar, adversaire inédit de l'équipe de France?

placeholder video
La France va affronter Gibraltar pour la première fois de son histoire, vendredi (20h45) à Faro (Portugal), en qualification pour l’Euro 2024. Le territoire britannique du sud de l’Espagne est reconnu depuis moins de 10 ans par la Fifa et l’UEFA et veut se professionnaliser malgré un vivier limité par sa faible population (30.000 habitants).

L’équipe de France vivra une soirée historique, vendredi (20h45). Elle affrontera Gibraltar pour la première fois de son histoire, pour son troisième match de qualification à l’Euro 2024. Une sélection au statut particulier: le territoire d’outre-mer appartenant à la Grande-Bretagne a été seulement reconnu en 2013 par l’UEFA et en 2016 par la Fifa, années depuis lesquelles elle est donc autorisée à participer à toutes leurs compétitions. Logiquement, Gibraltar apparaît au fin fond du classement Fifa (201e sur 211 nations).

Une vingtaine de joueurs "avec un bon potentiel d’avenir qui se dédient exclusivement au football"

Le rocher de 6,8 kilomètres carrés situé à l’extrême sud de l’Espagne est le tout petit poucet de la poule comprenant la France, les Pays-Bas, l’Irlande et la Grèce. Un casting de luxe vécu comme une aubaine par Julio Ribas, le sélectionneur en poste depuis 2018. "Jouer contre la France, les Pays-Bas, l’Irlande ou la Grèce, pour nous, est une très bonne expérience pour pouvoir continuer à progresser, expliquait-il à RMC Sport en octobre dernier après le tirage au sort. Il y a (en France) des joueurs très bons avec de très bonnes caractéristiques génétiques, physiques et techniques mais aussi tactiques qui jouent ensemble depuis plusieurs années. Ce sont des sélections qui jouent depuis 50 ans ou plus au niveau de l’UEFA alors que nous ne sommes que depuis neuf et six ans dans l’UEFA et la Fifa. Nous sommes très heureux du chemin parcouru."

Sous ses ordres, Gibraltar, battu par la Grèce et les Pays-Bas (3-0 à chaque fois) lors de ses deux premiers matchs de qualification, s’est offert quelques frissons en arrachant sa promotion pour la Ligue C de la Ligue des nations en 2020 avant d’être relégué dès l’édition suivante malgré un match nul face à la Bulgarie (1-1). Ribas (65 ans), dont le fils Sebastian a joué en France pour Dijon (meilleur buteur de Ligue 2 en 2010-2011), a pour mission de faire basculer progressivement la sélection vers le professionnalisme.

Quelques exilés et... un universitaire

A son arrivée en 2018, la sélection ne comptait que "trois joueurs pros" et possède désormais "vingt jeunes joueurs avec un bon potentiel d’avenir qui se dédient exclusivement au football", estimait le technicien ces derniers mois. Interrogé cette semaine sur cette équipe atypique, Eduardo Camavinga avait bien révisé ses fiches en citant le vétéran Roy Chipolina (40 ans, 66 sélections, 5 buts) ou le milieu Liam Walker (35 ans).

Il ne s’est pas risqué à citer la nouvelle vague "plus professionnalisée" et incarnée par les exilés Tjay De Barr (23 ans, Wycombe, D3 anglaise, cousin d’Ethan Jolley, également international), Louie Annesley (23 ans, Dundalk, D1 irlandaise) ou Nicholas Pozzo (18 ans, équipe de jeunes de Cadix, Espagne). Il y a aussi Niels Hartman, évoluant dans les rangs… de l’université de Loughborough (dans les Midlands en Angleterre) ou le milieu au nom très alcoolisé Scott Ballantine (27 ans).

Niels Hartman, défenseur ou milieu de Gibraltar, lors du match face aux Pays-Bas (3-0), le 27 mars 2023
Niels Hartman, défenseur ou milieu de Gibraltar, lors du match face aux Pays-Bas (3-0), le 27 mars 2023 © ICON Sport

La grande majorité évolue dans le championnat local (11 équipes) avec plusieurs joueurs de l’équipe phare des Lincoln Imps Reds. Ces derniers ont déjà goûté à la Coupe d’Europe, sous les ordres de Ribas. Entre 2016 et 2018, ils ont ainsi participé aux phases de qualification de la Ligue des champions, puis en Ligue Europa. En 2016-2017, Lincoln avait même éliminé le champion d’Estonie, le FC Flora Talinn, lors du 1er tour de qualifications, et s’était offert le Celtic Glasgow au 2e tour aller (1-0) avant d’être éliminé au retour (3-0).

Sans surprise, les Bleus seront les grandissimes favoris de cette rencontre dépaysante: ils défieront une sélection située au sud de l’Espagne, comprenant des joueurs parlant anglais aux noms à connotation britannique dans un stade... portugais. Le match aura lieu à Faro où les 1.300 supporters français attendus devraient être plus nombreux que "les locaux". Ils seront environ 1.200 sur les 30.000 habitants du pays qui pourraient tous entrer dans l’enceinte de la même capacité. Cette opposition atypique est prise au sérieux par Didier Deschamps, bien décidé à poursuivre son sans-faute face à ce nouvel adversaire. Le 92e de l'histoire des Bleus.

NC