Fernandez : «Les gens me parlent souvent de ce penalty»

Luis Fernandez, France-Brésil 1986 - -
Luis Fernandez que représente ce match contre le Brésil ?
Ça représentait déjà un rêve d’enfant. Quand j’étais gosse, j’ai grandi avec la Coupe du monde 1970 au Mexique. Je me souviens de la génération Pelé, Rivelino… Je jouais contre les Dieux du football. C’était pour moi exceptionnel. C’était un grand moment, d’abord parce que tu joues dans une Coupe du monde et ensuite, parce qu’on se retrouve face au Brésil, l’équipe que tout le monde rêvait de jouer. Ça reste l’un des plus grands moments de ma carrière.
Sentiez-vous la pression à votre arrivée au stade ?
Oui car on sent qu’il y a une ambiance folle. On sent la fête, le carnaval, le chant, la danse. Il n’y a pas d’animosité ni d’agressivité. Le stade est acquis à leur cause car ils y jouent depuis le début de la compétition et qu’ils évoluent parfaitement avec Zico, Junior, Socrates… C’était un football panache, technique. Le tout dans une arène qui leur allait parfaitement. On savait que nous allions passer un moment difficile. Mais aujourd’hui, on en garde un grand souvenir.
Racontez-nous votre tir au but décisif ?
Je me suis toujours mis en cinquième position quand je devais faire les tirs au but. Déjà avec le PSG. Quand Henri Michel a demandé, j’ai dit que je me mettais en cinquième position. Michel (Platini) venait de rater le sien, Julio Cesar aussi. Je savais que j’avais la qualification dans les pieds. J’y suis allé tranquillement, sans me précipiter. J’ai attendu que le gardien aille dans les buts. J’avais l’impression qu’il voulait me déstabiliser. Il faut ensuite faire le vide et savoir où on veut le tirer. J’étais relativement décontracté et détendu. J’étais sûr de mon fait. Ce n’était pas dans ma nature de paniquer. J’étais fort mentalement. Quand je me suis lancé, j’avais un endroit. Je me suis dit : « Tu tires là ».
Que ressent-on quand le ballon entre dans le but ?
Il ne reste plus qu’à célébrer le but. Courir en se disant qu’on a fait quelque chose d’exceptionnel avec une équipe, une génération. On élimine le Brésil après 120 minutes de jeu, dans une grosse rencontre avec de l’émotion et du suspense. J’étais content pour Michel (Platini) qui avait manqué le sien. Pour une fois qu’on pouvait le sauver. Ça toujours été lui qui nous a retiré des épines du pied en marquant des buts décisifs. Il m’a laissé un petit moment de grande joie.
Est-ce le plus grand moment de votre carrière ?
Ça fait partie d’un grand moment dans ma carrière. Ça m’a marqué. Les gens me parlent de ce penalty assez souvent. On élimine le Brésil, mais je sais que j’ai connu d’autres grands moments en tant que joueur ou entraîneur.