Gasset, l’homme de l’ombre

Laurent Blanc et Jean-Louis Gasset - -
Mardi soir, Stade de France, aux alentours de 21h50. Dans le vestiaire de l’équipe de France, le ton monte. Quelqu’un donne de la voix. Laurent Blanc ? Non, son adjoint, Jean-Louis Gasset. « On s’est fait un petit secoué à la mi-temps. Le coach nous a parlé mais Jean-Louis, c’est quelqu’un du Sud. Il a su trouver les mots pour nous remettre les idées en place. » Timorés en première période, les Bleus se lâchent enfin en seconde, prennent leurs responsabilités, arrachent le nul. Et leur qualification. L’effet Gasset a été immédiat. Un effet sans surprise pour Luis Fernandez. « Jean-Louis, c’est du pain béni, c’est un vrai compagnon de route, raconte l’ancien technicien parisien, qui a cohabité avec le Montpelliérain au PSG (2001-2003), puis à l’Espanyol Barcelone (2003-2004). Il n’est pas là seulement pour ramasser les ballons. Il parle aux joueurs, les motive. Il a des mots justes. C’est un vrai numéro 2. »
Celui qui prend le relais du coach lors des causeries, qui donne de la voix aux entraînements, en lieu et place de Blanc et qui entoure les joueurs, sitôt la séance terminée, de son voile protecteur. Celui que l’on ne voit pas en conférence de presse, devant le micro des médias ou sur le plateau des émissions TV. « Il n’est pas là pour te planter un coup de couteau dans le dos », poursuit Fernandez. Autrement dit, l’homme, qui a entraîné à Montpellier, Caen et Istres, n’est pas carriériste. Comme Daniel Elena avec Sébastien Loeb, Jean-Louis Gasset est là pour prendre le relais, pointer les insuffisances, donner des orientations à son supérieur. Jouer le rôle du copilote, donc. Le tout avec complicité et complémentarité.
Une combinaison gagnante
« Jean-Louis est quelqu’un de sanguin alors des fois, ça pouvait éclater, se rappelle David Bellion, sous les ordres du duo à Bordeaux (2007-2010). Il avait un rapport très paternel avec nous. Quand il fallait gueuler, il le faisait. Laurent Blanc, lui, est plus posé. C’est vraiment le chaud et le froid entre les deux. » Une combinaison gagnante depuis un an en sélection. Et surtout, mardi soir, lors de la finale face à la Bosnie. « Le coach et lui nous ont très bien parlé. Ils nous ont dit de nous réveiller, de croire en nous et de marquer ce but. Jean-Louis a eu les bons mots pour le faire. » Et l’habitude surtout.
Arrivé dans le sillage de Blanc durant l’été 2010, Gasset a eu le temps d’apprivoiser son monde. « Le groupe n’a pas bougé depuis un an. Il doit y avoir des liens de plus en plus forts avec les joueurs. Et puis, avec le temps, les relations se nouent. Vous savez comment prendre untel ou untel et de quelle façon vous l’avez touché. » Un savoir-faire qui a fait ses preuves. Et qui n’est pas étranger à la belle campagne éliminatoire de l’équipe de France.