Ginola : « On a un effectif pour aller jusqu’au bout »

David Ginola a déclaré sur RMC être persuadé que l’équipe de France est en mesure de battre l’Espagne, samedi à Donetsk (20h45). Mais l’ancien international espère que les Bleus auront les capacités mentales pour accepter le jeu espagnol.

David, que pensez-vous de l’équipe de France actuelle ?

On a plein de jugements et critiques sur l’équipe de France. Malheureusement, je trouve que c’est très français. C’est vrai que les Bleus n’ont pas montré un beau visage contre la Suède mais il faut attendre le match face à l’Espagne avant de tirer des conclusions. Les supporters français ont encore en tête l’épisode de Knysna à la Coupe du monde 2010. On attend une sorte de rédemption des Bleus. J’étais surpris d’entendre Noël Le Graët dire qu’ils étaient contents d’être arrivés en quarts de finale. C’est un peu de la langue de bois car on a un effectif pour aller jusqu’au bout. On a vraiment les moyens pour le faire. 

Pensez-vous que les Bleus peuvent remporter l’Euro ?

La qualité est effectivement là. Le problème est qu’on est retombé dans nos travers contre les Suédois. On a joué par alternance en essayant de faire des choses plus individuellement que collectivement. On a trop porté le ballon et on est tombé sur des joueurs qui en voulaient beaucoup plus. On a les qualités pour se relever face à l’Espagne mais c’est la volonté des joueurs. Le problème est d’avoir une dynamique commune pour arriver à des résultats. Le match face à la Suède a montré que les Bleus avaient encore des lacunes, notamment sur le plan combativité et moral.

Existe-t-il un problème « Karim Benzema » au sein de cette équipe de France ?

Malheureusement, Karim Benzema n’a pas encore marqué de but. Quand on est attaquant de pointe, on est là pour marquer. Même s’il fait des passes décisives, on demande toujours combien de buts il a marqué à la fin de la saison. Est-ce qu’il devrait être remplacé par Olivier Giroud ? Ce sont des doutes qui s’installent dans la tête des joueurs. Je ne sais pas si les Bleus ont les capacités morales pour accepter de jouer avec une pointe, Karim Benzema, isolée entre les deux lignes défensives espagnoles.

Comment les Bleus doivent-ils jouer pour contre l’Espagne ?

Je jouerais comme face à l’Ukraine, avec deux joueurs excentrés comme Ribéry et Ménez. Mais il faut jouer beaucoup plus simple. On s’aperçoit que des Xavi, Iniesta, Busquets ou Fabregas n’hésitent pas à jouer à une ou deux touches de balle pour faire circuler le ballon. On en est capable car on a les qualités techniques. Contre la Suède, on portait beaucoup trop le ballon car il n’y avait pas assez de solutions. Chacun voulait faire la différence individuelle. Il faudra avoir une attitude différente contre l’Espagne, qui est une équipe extraordinaire à voir jouer. L’équipe de France a le potentiel pour le faire mais il faut voir s’ils sont capables de le faire mentalement. Ce n’est pas possible d’adopter un système de jeu comme celui de Chelsea face à Barcelone en Ligue des champions. On n’a pas les joueurs capables de faire ça.

Manque-t-il un patron à ces Bleus, quelqu’un capable de porter le groupe vers le haut ?

Il faut arrêter avec les patrons. Avant vous aviez un Platini ou un Zidane. Des gens qu’on considérait comme des patrons pour leurs qualités techniques. Aujourd’hui, un groupe n’a pas forcément besoin d’un patron. Le leader dans l’équipe, c’est Laurent Blanc. C’est lui qui insuffle les directives et les motivations du groupe. Le chef d’orchestre c’est celui qui plane au-dessus. Aujourd’hui, c’est tout un groupe qui doit tirer l’équipe de France vers le haut. C’est un déclic à trouver et j’espère que ça sera samedi face à l’Espagne.

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