L’Irlande ou la peur bleue

Les supporters irlandais craignent les protégés de Raymond Domenech... et les respectent à la fois - -
Mercredi après-midi à Dublin. Une pluie fine mais persistante s’abat depuis quelques heures déjà au-dessus de la ville. L’acte 1 de la confrontation face aux Bleus est de plus en plus proche mais le calme est de mise dans les rues irlandaises. La fête est programmée pour samedi, pas avant. Du coup, pas de patriotisme exacerbé de la part des passants. Question de pudeur ? Simple superstition ? Sentiment d’infériorité ? « Je ne pense pas qu’en Irlande, les gens nourrissent un complexe de ce type par rapport à l’équipe de France, confie Emmett Malone, journaliste au Irish Times. Au contraire. Ils ont du respect pour elle. En attaque, la France a vraiment de très bons joueurs. Je pense à ceux qui évoluent en Angleterre, les Henry, Malouda, Anelka. Ce sont de véritables stars ici. »
Bordeaux et Lyon les impressionnent
Si les cadres des Bleus ont la côte en République d’Irlande, la réalité est tout autre pour le reste du contingent tricolore. La Ligue 1 ne fait pas vraiment recette du côté de Dublin. « L’Espagne et l’Italie sont plus exposés que le championnat de France. Ceci dit, les gens n’ignorent pas qu’une équipe comme Lyon est devenue une habituée de la Ligue des Champions. Ils connaissent un joueur comme Govou. Ils pensent également qu’à Lyon se trouvent les futurs Malouda, Drogba ou Essien. Les performances de Bordeaux face au Bayern Munich ne sont pas non plus passées inaperçues. De façon générale, les gens savent que les joueurs qui viennent de ces équipes sont très forts. Sur le papier, la France est favorite dans l’esprit de beaucoup de monde. »
Le danger bleu est donc perceptible. A tel point qu’en Irlande, un match nul samedi à Croke Park ne serait pas vu comme une contre-performance. « Ce serait bien de ne pas prendre de but face à la France, appuie Malone. Mais ça va être compliqué, on a pris la fâcheuse habitude d’en prendre lors des éliminatoires. Tout le monde ici, le public, les joueurs de la sélection, estiment qu’un 0-0 serait un bon résultat avant d’aller à Paris. Mais moi, je pense que ce ne sera pas suffisant. Dans un tel cas de figure, on va au-devant de gros ennuis. » Décidément, en France comme en Irlande, plus l’échéance approche et plus la calculette d’épicier fonctionne.