Les jeunes ont encore le bleu à l’âme

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Hatem Ben Arfa et Charles N’Zogbia sont bien placés pour le savoir. En conflit ouvert avec leurs clubs (Marseille et Wigan), les deux jeunes milieux de terrain n’ont pas été retenus par Laurent Blanc pour la double confrontation contre la Biélorussie et la Bosnie en éliminatoires de l’Euro 2012. Leur attitude a fortement déplu au nouveau sélectionneur. Et il l’a fait savoir.
Depuis sa prise de fonction, l’ancien libéro ne cesse de répéter que l’équipe nationale doit redevenir une priorité pour les jeunes joueurs français. « Il peut légitimement le dire car lui a fait des choix de carrière en fonction de l’équipe de France, rappelle Eric Di Meco. Quand il est allé à Auxerre ou à l’OM, c’était pour retrouver les Bleus. »
Pour appuyer son discours, Blanc a prévu de faire venir d’anciennes gloires tricolores lors des rassemblements. A commencer par Zinedine Zidane ce mercredi. Une façon de rappeler aux nouveaux venus l’importance du maillot.
Ces derniers semblent pourtant y être sensibles. « Il y a une vraie envie chez ces jeunes d’évoluer sous le maillot bleu », assure Eric Mombaerts, l’entraîneur des Espoirs. « Jouer avec l’équipe de France, c’est l’objectif de tout le monde », confirme Jonathan Bibiany, 22 ans. Formé à l’Inter Milan, l’attaquant des Bleuets ne regrette pas son exil précoce. « Je pense avoir fait le bon choix. A travers des prêts, j’ai toujours joué. C’est le plus important, que ce soit en Italie ou en France. »
Depuis l’arrêt Bosman fin 1995, les jeunes Français sont de plus en plus sollicités par les clubs étrangers. « Quand une formation anglaise vous contacte pour jouer en Premier League, forcément ça fait rêver », explique Mombaerts. D’autant que les propositions financières sont souvent très alléchantes. « Quand on a 20 ans et qu’on est confronté à de telles sommes, il faut avoir la tête sur les épaules et être surtout bien conseillé », souffle Di Meco.
Kapo : « L’argent fait vite tourner la tête »
Nombreux sont ceux qui ont cédé à la tentation. Certains se sont perdus en route (Péricard à la Juventus, Aliadière à Arsenal). D’autres, plus rares, ont su s’imposer (Lassana Diarra à Chelsea, Diaby à Arsenal). Mais d’une manière générale, mieux vaut suivre une trajectoire linéaire. « Il faut déjà faire ses preuves en Ligue 1, montrer qu’on a de la qualité, assure Olivier Kapo. Une fois qu’on est installé en équipe de France, là on peut signer à l’étranger. » L’ancien milieu d’Auxerre sait de quoi il parle. Son départ à la Juventus lui a coûté sa place chez les Bleus.
Aujourd’hui, il encourage les plus jeunes à ne pas suivre son exemple. « Un jeune joueur doit apprendre le haut niveau. Il doit se méfier de l’argent. La famille doit faire attention à ça. Les jeunes ont besoin d’être bien entourés. Moi, j’ai grandi à Choisy-le-Roi (dans le Val de Marne). J’avais du mal à me payer un McDo. Quelques années plus tard, je me suis retrouvé avec pas mal d’argent. Ça fait vite tourner la tête. Heureusement que ma famille était là. »
Dans un football sans cesse plus médiatique, les joueurs sont désormais conseillés dès le plus jeune âge. Pas toujours dans leur intérêt. « Il y a des gens mal intentionnés, constate Di Meco. J’ai l’impression que souvent, même s’il existe des exceptions, les agents cherchent à gagner beaucoup d’argent rapidement. Sans tenir compte de la carrière des joueurs ». Du coup, certains font les mauvais choix et laisse passer le train bleu. Sans être sûrs de le revoir un jour.