
Matuidi, la machine inoxydable

Blaise Matuidi - -
On en parle comme d’un « monstre ». Pas du type qui fait peur aux enfants, non. Plutôt celui qui évoque un roc, un bloc inamovible, un travailleur infatigable. Un gros moteur qui ne s’éteint pas, ou si peu, porté par des jambes plus immenses que sa taille (1,75 m) ne le laisse imaginer. « Une machine », ce Blaise Matuidi, dixit Thierry Cotte. « C’est quelqu’un de très endurant, certainement plus que les autres, poursuit le préparateur physique de Saint-Etienne, son ancien club. A la fin des matches, quand tout le monde sombre, il a tendance à maintenir un rythme très élevé. C’est aussi quelqu’un d’extrêmement fort par rapport à son poids. Il fait très mal dans les duels. Ce sont des qualités que l’on a au départ et qu’il faut développer après. »
Couplées à une science de l’intervention défensive de plus en plus prégnante et à une capacité à orienter le jeu vers l’avant, elles ont fait de Matuidi, 25 ans, un élément indispensable. En club, au PSG, comme avec les Bleus, où Didier Deschamps en a fait l’un de ses éléments clés. « Il a un rendement de très haut niveau, confirme le sélectionneur. Si je dois me pencher sur les problèmes ou les inquiétudes, ce n’est pas de ce côté-là que je regarde. » Il y a quelques mois, Matuidi ne faisait pourtant pas encore une telle unanimité. Mais cette saison a vu ses progrès se multiplier vitesse grand V. Sa constance, aussi.
Mamadou Sakho : « L’un des meilleurs à son poste »
« Il devient un joueur très important, juge Laurent Koscielny, son coéquipier en Bleu. On le voit avec le PSG où il a pris une grosse ampleur. Avoir un joueur comme lui, qui récupère un maximum de ballons, c’est plus facile pour nous, derrière. » Rod Fanni poursuit la distribution de bons points : « Quand on voit tous les kilomètres qu’il parcourt par match, les éloges qu’il reçoit ne sont pas volés ». « Il est tout simplement exceptionnel, insiste Mamadou Sakho, son partenaire au PSG comme en sélection. En ce moment, il fait partie des meilleurs à son poste. Il a varié sa panoplie. Il se projette vers l’avant, il commence à être décisif, à marquer. Et défensivement, c’est un crack. » Au talent sublimé par la grande force de travail. Le tout dans un cadre parfait pour développer ses qualités. « Être au contact de très grands joueurs et travailler avec un entraîneur de niveau européen (Ancelotti, ndlr) lui ont permis de s’améliorer sur les plans tactique et technique, précise Christophe Galtier, l’entraîneur de l’ASSE, qui a côtoyé Matuidi chez les Verts. Il est en train de devenir un très grand joueur. »
Travailleur de l’ombre, comme toujours à son poste, le milieu défensif a pris la mesure de ses immenses qualités. Et crève l’écran à chaque sortie. Résultat ? Collection de stars ou pas, Matuidi règne sur le milieu du PSG, où il a disputé 41 des… 42 matches de compétition cette saison ! Sans oublier ses six rencontres en sélection, où il compte dix capes (première en Bosnie en septembre 2010). De quoi en faire le Bleu qui a passé le plus de temps sur les terrains cette saison avec 3745 minutes. Reste à savoir si Deschamps prendra le risque de l’aligner face à la Géorgie, vendredi, sachant qu’un carton jaune le priverait du choc contre l’Espagne quatre jours plus tard. Les dernières informations font état d’une possible titularisation. Car comment se passer d’un « monstre » sans le sentir sur le pré ?
Le titre de l'encadré ici
Espagne : L’épée de Damoclès pour quatre joueurs|||
Quatre Bleus, Blaise Matuidi, Laurent Koscielny, Yohan Cabaye et Maxime Gonalons, pourraient être suspendus pour le choc face à l’Espagne (26 mars) s’ils venaient à récolter un carton jaune contre la Géorgie vendredi soir. De quoi donner des sueurs froides à Didier Deschamps quand on connaît l’importance prise, notamment, par le milieu défensif du PSG. De quoi, aussi, lui offrir matière à réflexion sur la pertinence d’aligner ou non ses joueurs. A l’heure où chaque point compte dans la course à la qualification pour la Coupe du monde 2014, le sélectionneur serait pour l’instant décidé, en accord avec son staff, à titulariser Matuidi. Une possible absence de Koscielny pour le préserver, elle, pourrait être synonyme de première sélection pour le jeune et prometteur Raphaël Varane. « Pour l’instant, ce n’est pas un sujet de préoccupation pour nous, indique Mamadou Sakho. Mais les joueurs concernés sont au courant. Cela trotte dans la tête même s’il faut en faire abstraction. »