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Mombaerts, sa version de l’affaire des Espoirs

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Pour RMC Sport, Erick Mombaerts revient sur l’affaire des Espoirs qui avaient fait le mur avant le barrage retour contre la Norvège et qui leur a valu de lourdes sanctions. L’ex-sélectionneur regrette toujours leur manque de discernement.

Erick, dans L’Equipe de ce mardi, Wissam Ben Yedder explique qu’il vous a avoué qu’il était sorti avant le match contre la Norvège. Comment cela s’est-il passé ?

Wissam, on a tout de suite senti qu’il était très mal à l’aise. La surprise a été totale. Je n’aurais jamais pensé à lui. Je ne m’attendais vraiment pas à ce qu’il soit dans le coup. Il s’est rendu compte très, très vite qu’il avait fait une énorme erreur. Il est venu s’excuser. Et il a réitéré ses excuses lors de la commission (de discipline). Le mal était fait. J’apprécie bien sûr la démarche. Les cinq se sont excusés à mon égard pendant la commission. Wissam, je n’arrive toujours pas à comprendre comment il a pu se laisser embarquer dans cette histoire.

Avec le recul, comment analysez-vous cette affaire ?

Je ne peux pas accepter ce qu’ils ont fait, je ne peux pas l’admettre, mais je peux le comprendre. Ils n’ont pas été capables de résister à un certain nombre de pulsions. Ça, c’est incontestable. Ils ont mis le collectif en difficulté, pas forcément sur le fait qu’ils soient sortis 48 heures avant un match, mais plus parce que ça a déstabilisé le groupe. C’est quelque chose qu’on n’a pas compris sur le moment. Ce n’est pas le fait, pour des gamins de 20 ans, de ne pas dormir. C’est surtout que certains n’ont pas accepté, n’ont pas apprécié. C’est l’aspect psychologique qui a été difficile. Les pulsions ont pris le pas sur l’appréciation d’une situation, sur une forme d’intelligence. Il y a toujours un moment de réflexion qui permet de ne pas passer à l’acte.

Estimez-vous avoir fait des erreurs ?

Au niveau de l’exigence, je n’ai rien à me reprocher. Je suis allé à la pêche aux informations. On a joué à l’Inspecteur Gadget jusqu’à 1h, le dimanche soir. Pour savoir que des joueurs étaient sortis, j’ai dû faire le pied de grue, arracher des informations. Je n’étais pas obligé de le faire. Je l’ai fait. J’ai ensuite rappelé de Norvège, le veilleur de nuit, pour savoir des choses. Après avoir eu ces informations, qu’on m’a lâchées au compte-goutte, j’ai mené des investigations dans le groupe. Les joueurs ont menti. Forcément, ça a pris énormément de retard. Le lundi, j’ai annoncé à tout le monde que quoi qu’il arrive, il y aurait des sanctions, que c’était inadmissible. Ils m’avaient menti et je n’avais pas la totalité des noms, donc il était difficile de punir.

Avez-vous des regrets ?

Ce qui me frustre le plus, c’est que j’aurais aimé régler cette affaire-là. Avec ce groupe, on a toujours super bien vécu. Je ne peux que louer leur comportement avant cette expédition. Je n’aurais jamais pu penser que ce soit possible. Cette affaire, je l’aurais réglée sportivement. Ça aurait été très efficace. Je l’aurais réglé, le problème. Je m’y étais engagé devant tout le groupe, tout le staff. Même si on s’était qualifié, j’aurais pris des sanctions. C’est ça, un entraîneur. C’est quelqu’un qui va prendre les décisions justes, à un moment donné. Mais je n’avais pas tous les éléments. Et on était en Norvège. Si 7 ou 8 joueurs avaient été concernés, comment je faisais ? Il n’y en aurait plus eu assez pour mettre sur la feuille de match. Après, je comprends que des gamins de 20 ans puissent faire des erreurs. J’ai entendu certains donner des leçons. Le seul problème, c’est que je sais aussi ce qu’ils ont été capables de faire à un certain moment de leur vie. C’est un peu facile.

Propos recueillis par Camille Gelpi