Quotas : Le monde du sport fait front

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Patrice Dominguez se souvient. « Il y a seulement quelques années, quand Michael Chang a gagné Roland-Garros, on utilisait le mot ‘chinetoque’ (sic), assure l’ancien directeur technique national du tennis français. Ce n’était pas péjoratif et il n’y avait aucune mauvaise intention là-dedans. Mais aujourd’hui, il faut prendre davantage de gants. » La ligne de défense n’est pas des plus habiles. Elle illustre en tout cas le point de vue de la (quasi-)totalité des acteurs du sport français, qui ne comprennent pas le procès fait à Laurent Blanc et à certains cadres de la DTN, après les révélations de Mediapart.
« Je ne vois aucune connotation raciste [dans les propos rapportés], glisse par exemple Daniel Costantini, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France de handball. Les entraîneurs nationaux ont le droit de se poser des questions sur l’avenir de leur sport. La formation, c’est un investissement. Et on aime bien ensuite récupérer les dividendes. »
Un discours similaire à celui d’Alou Diarra, le capitaine de l’équipe de France, venu voler au secours de son sélectionneur sur le plateau de Canal +. « Les critères de couleurs et d’origines ne sont pas des critères de choix, pose-t-il d’abord. Tout ce que je peux certifier, c’est que Laurent Blanc n’est pas quelqu’un de raciste. Je l’ai côtoyé pendant trois saisons et dans ses propos je ne vois rien de raciste. »
Thuram : « Certains ont la mémoire courte »
Autre moyen de prendre la défense de la FFF, attaquer Mediapart et ses méthodes, comme le fait le président de l’OM, Jean-Claude Dassier. L’ancien directeur de l’information de TF1 refuse de commenter l’affaire, mais fustige en revanche « la bassesse du niveau de la presse ». « On va évacuer la bassesse de la méthode pour enregistrer cette réunion, ajoute Jean-Michel Larqué. J’aurais préféré que l’informateur vienne s’expliquer au grand jour, en homme. » Patrice Dominguez évoque pour sa part une « investigation hasardeuse, voire malhonnête. »
Dans cet unanimisme, seul Lilian Thuram offre une voix discordante. Celui qui a remporté la Coupe du monde 1998 et l’Euro 2000 aux côtés de Laurent Blanc s’avoue « déstabilisé » par l’affaire. « Nous sommes au cœur d’un scandale, estime-t-il dans Téléfoot. Je trouve ça assez incroyable et difficile à croire. (…) On se dit que certains ont la mémoire courte. Quand est-ce qu’on va sortir de ces préjugés sur les couleurs de peau ? » Avant de laisser entendre, dans une formule assez vague, que le sélectionneur ne peut pas rester à son poste. Un point du vue qui va forcément compter, alors que l’enquête lancée par la FFF et le ministère des Sports débute ce lundi.