Rami n'y était pas

Adil Rami - -
« Je ne suis pas de ceux qui pensent que c’est une bonne chose de parler des joueurs adverses. C’est user son énergie pour rien. Ceux qui parlent beaucoup, ce sont ceux qui ne se sentent pas forts. Ceux qui se sentent faibles. » Laurent Blanc n’avait pas ménagé Adil Rami lundi soir. Le sélectionneur n’avait pas apprécié la sortie médiatique de son défenseur, qui avait qualifié quelques jours plus tôt l’ancien Lyonnais Miralem Pjanic de « pleureuse ». Mais le technicien avait surtout voulu recentrer son joueur sur l’essentiel, lui rappelant que l’explication de texte aurait lieu « sur le terrain ». Une façon autoritaire de tempérer la nervosité excessive entrevue chez le Valencian ces dernières heures. Et, qui sait, de prévenir une possible fébrilité ?
Toujours est-il que le plan de Blanc n’a pas fonctionné. Car Rami a vacillé. Glissé, dérapé, trébuché même. Devant Pjanic ? Non, face à Edin Dzeko, le bourreau annoncé des Bleus, le danger numéro un de la défense tricolore et surtout, l’homme que l’ancien Lillois avait magnifiquement muselé à l’aller, à Sarajevo (0-2). Pourtant, Rami était prévenu. « Il fait partie des meilleurs attaquants européens, avait-il lâché avant le match. Il reste le danger numéro 1. C'est un joueur imposant physiquement qui peut servir de point d'appui, dos au but ou jouer en profondeur. Il y aura du boulot. »
Enrhumé sur le but
Ce travail, jamais Rami ne l’a effectué sur la pelouse du Stade de France. Nerveux, tendu, il n’a jamais affiché la sérénité, l’autorité et la confiance qu’il avait dégagées depuis un peu plus d’un an. A l’époque et face au même adversaire, le joueur du Losc s’était révélé sous le maillot bleu. Plusieurs mois plus tard, l’intéressé, rarement déméritant en sélection, aurait pu boucler la boucle de la pire des manières. Il veut soulager sa défense à l’aide d’une remontée de balle autoritaire ? C’est bêtement qu’il offre une balle de contre, heureusement tuée dans l’œuf, au duo Misimovic-Dzeko (6e). Il défie à l’épaule le géant bosnien ? C’est presque sur les fesses qu’il voit le buteur de Manchester City lui échapper et aller titiller les gants de Lloris (19e).
La suite est du même acabit. Emprunté, régulièrement en retard, Rami finit par céder, impuissant sur une prise d’appui de Dzeko, une erreur fatale cette fois puisque synonyme, dans la foulée, du but qui le propulse lui et les siens en barrages… Du moins, avant le penalty de Nasri. Comme le reste de ses partenaires, c’est sauvé par le gong que Rami rejoindra les vestiaires. Malgré ses errements, couplés à ceux de ses partenaires de défense, la France a arraché ce qu’elle souhaitait : sa qualification directe pour l’Euro polonais. Rami, lui, n’est pas près d’oublier cette soirée. Le nouveau défenseur de Valence a pu mesurer, en grandeur nature, la marge de progression (mentale) qu'il doit atteindre avant de s'imposer dans la cour des très grands.