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Roumanie – France : les enjeux

Le meneur de jeu bordelais, étincelant face à la Serbie, devra rééditer sa performance face aux Roumains

Le meneur de jeu bordelais, étincelant face à la Serbie, devra rééditer sa performance face aux Roumains - -

Samedi, l’équipe de France se rend à Constanta pour y défier la Roumanie. Les Bleus devront gagner face à un concurrent direct pour la qualification au prochain Mondial. Un match primordial pour eux, comme pour leur sélectionneur, fortement menacé.

Samedi prochain, ce ne seront pas les motifs de motivation qui vont manquer aux Bleus à l’heure de défier la Roumanie sur ses terres. Non. Les Tricolores seront motivés. Ils n’auront pas le choix surtout. Dans un groupe 7 où la Lituanie joue les terreurs au classement (6 points) et dans lequel l’Autriche, la Serbie, l’équipe de France donc et son prochain adversaire se tiennent à égalité de points (trois unités), les Bleus ont tout intérêt à ne pas laisser passer l’occasion de finir leur année 2008 par une bonne note. Leur qualification pour le Mondial 2010 est à ce prix… de même d’ailleurs que la survie de Raymond Domenech à la tête de la sélection nationale.

C’est donc dans un climat particulier que les Bleus vont affronter la Roumanie. La dernière confrontation entre les deux sélections n’était pas mémorable et avait déjà lissé, dans les grandes largeurs les soucis des Bleus. C’était en juin dernier, lors de l’Euro, pour le compte du premier match de poule des deux formations. La rencontre en elle-même ? 90 minutes d’un jeu sans saveur côté français et d’une tactique ultra-défensive côté roumain. La suite ? On la connaît. Une élimination sans gloire pour les deux sélections nationales. Depuis, qu’est-ce qui a changé ?

Une charnière centrale new-look

Beaucoup de choses ou presque rien finalement. Comme lors du dernier championnat d’Europe des Nations, les Bleus se cherchent, tâtonnent, inquiètent autant qu’ils rassurent et ce dans bon nombre de secteurs de jeu. Il y a quelques mois, c’était l’attaque tricolore qui était pointée du doigt. Aujourd’hui, c’est sa défense, une arrière-garde qui n’a pas conclu le moindre de ses derniers matches par une clean-sheet (match sans prendre de buts). Du coup, l’absence sur blessure de William Gallas, samedi, pourrait peser lourd. Si le capitaine d’Arsenal n’a pas survolé les débats ces derniers mois, il constitue toujours un gage d’expérience et de sécurité non négligeable pour le groupe France.

Raymond Domenech, qui doit déjà composer sans Willy Sagnol, a rappelé Jean-Alain Boumsong en renfort et c’est ce dernier qui devrait, d’après la dernière opposition des Bleus, débuter dans l’axe aux côtés d’Eric Abidal. Si ce choix peut surprendre, il s’explique à la fois par les récents déboires connus par Philippe Mexès en sélection et par la cote dont dispose le défenseur lyonnais aux yeux du technicien national. Autre choix surprenant, la titularisation de Patrice Evra, pourtant en perte de vitesse ces dernières semaines en Bleu mais qui, là encore, constitue un gage de sécurité pour le sélectionneur.

Malouda de retour

Dans un contexte aussi primordial pour lui-même que pour la sélection, Raymond Domenech n’a pas le droit à l’erreur. Il le sait et c’est avec satisfaction que ce dernier va pouvoir s’appuyer dès le coup d’envoi sur deux de ses cadres, deux de ses défenseurs les plus fervents aussi en ces temps de crise, Patrick Vieira et Franck Ribéry. Les deux hommes auront un rôle déterminant, le premier à la récupération et le second, dans l’animation offensive face à une formation qui avait tant gêné les Bleus dans l’utilisation du ballon lors de l’Euro.

Ben Arfa touché, le sélectionneur a préféré ne pas prendre de risques. Il aurait très pu modifier un peu son système, intégrer Benzema à la gauche de son 4-2-3-1 ou même y faire glisser Henry pour céder le poste d’unique pointe à Nicolas Anelka. Mais l’ancien Gunner étant intouchable dans ce profil et l’attaquant lyonnais encore un peu tendre sur le plan international, Domenech n’a pas eu d’autre choix que de confier les clés de son couloir gauche à Florent Malouda. En forme avec Chelsea, celui que l’on croyait banni en raison de déclarations tapageuses à l’encontre du sélectionneur, effectue son come-back en tant que titulaire.

Une animation offensive inédite

De sa capacité à prendre les espaces, à être explosif et à pouvoir également contenir le danger adverse, le milieu de terrain des Blues de Chelsea aura de grosses responsabilités sur les épaules. Il ne sera pas le seul. Tout comme face à la Serbie, match durant lequel il avait été excellent, Yoann Gourcuff se verra confier les clés du jeu… dans un milieu de terrain offensif à trois têtes avec lesquelles il n’a jamais joué. Si on ne doute pas des capacités d’adaptation du meneur de jeu bordelais au plus haut niveau, on peut s’interroger en revanche sur sa complicité avec un Franck Ribéry prêt à jouer à droite pour le bien de la patrie mais irrémédiablement attiré par l’axe quand il en a l’occasion.

Bref, le futur visage des Bleus samedi soir interpelle. Si l’équipe de France produit le même contenu que celui proposé face à la Serbie, il ne devrait pas y avoir de désillussions au terme des 90 minutes réglementaires disputées en Roumanie. Mais la liberté offensive des Bleus au Stade de France avait été en partie motivée par le coaching judicieux de Domenech à la mi-temps (sortie de Benzema, entrée d’Anelka) et par la volonté de jouer des Serbes. Pas sûr que les Roumains en fassent autant.

La Roumanie a-t-elle changé ?

En fait, dans la petite enceinte du stade Farul de Constanta, sur une pelouse déjà décriée et face à un public chaud bouillant, les Bleus ont beaucoup à perdre. Ce rectangle vert a déjà vu tomber de grosses pointures européennes, comme la République Tchèque (victoire 2-0 le 3 septembre 2005) et les Pays-Bas (victoire 1-0, succès synonyme de qualification pour l’Euro 2008). Pas évident dans ces conditions-là d’aller battre sur son terrain un adversaire que l’on n’a plus mis au tapis depuis…1972.

Si la Roumanie, elle aussi, joue gros après la gifle reçue chez elle par la Lituanie (défaite 3-0), si, elle aussi, peut perdre son sélectionneur en cas de défaite, elle ne jouera pas l’attaque pour autant. Le 4-3-3 qu’alignera Victor Piturca, avec Petre et Marica en soutien de Mutu, serait-trompeur ? « Nous sommes prêts à défendre mais aussi à attaquer. Même si j’aimerais marquer plusieurs buts, je me contenterais d’un 1-0 » (source l'Equipe). Justement, c’est ce qu’espérait déjà Piturca en juin dernier face aux Bleus. Il a dû se contenter du match nul. Autre compétition… autre résultat ? Réponse samedi.

Alix Dulac