Serbie-France : les Bleus n’enchaînent pas

Loïc Rémy - AFP
Ils pourront rabâcher rassemblement après rassemblement les éléments de langage. Répéter, encore et encore, que ces matches sans enjeu ne sont pas sans objectif. Clamer que leur motivation reste la même. Le constat sportif raconte le contraire. Que la France du football se le dise : à l’image du Serbie-France de ce dimanche soir, il sera difficile, d’ici à l’Euro 2016, de vibrer devant un match des Bleus. Tout comme il sera difficile d’en tirer de véritables enseignements. Une belle victoire ? Cela ne veut rien dire, c’était un amical, les adversaires n’étaient pas à fond. Une large défaite ? Cela ne veut rien dire, c’était un amical, les Français n’étaient pas à fond. Alors imaginez un match nul (1-1) comme ce dimanche en Serbie…
Il faut pourtant bien les disputer, ces rencontres. Leur permettre de remplir leur rôle : maintenir la bonne marche d’un groupe sorti d’une Coupe du monde plutôt réussie (élimination en quart de finale) et désormais lancé dans les prémices de la quête de SON Euro. Alors on guette des choses à retenir, des situations à analyser, des bons ou mauvais points pour l’avenir. De Belgrade, où l’ambiance et l’intensité faisaient tout pour rappeler la nature du match (sans parler d’une extrême motivation serbe), on pourra ainsi tirer quelques leçons.
L’animation offensive pas aussi tranchante
Sur le plan global, d’abord. Bien en place, les Français ont affiché une maîtrise du jeu plutôt sereine qui apportera un écot aux supporters du 4-3-3 cher à Didier Deschamps pendant le Mondial. Dans ce système, le milieu de terrain tricolore se montre toujours efficace, turnover ou pas. On en dira, par contre, pas autant de l’animation offensive où le trio Cabella-Sissoko-Rémy n’a pas été aussi tranchant que le combo Griezmann-Valbuena-Benzema, les qualités du nouvel attaquant de Chelsea obligeant à rechercher plus la profondeur et offrant, du coup, moins de diversité de solutions. Rassurants sur le plan défensif la plupart du temps, les Bleus ont parfois eu tendance à se rendre la tâche difficile sur des erreurs. L’égalisation tardive signée Kolarov (80e) aura aussi rappelé combien la concentration sur coups de pied arrêtés ne laisse pas le droit à l’erreur.
Rayon performances individuelles, on trouve de tout, entre confirmations et joueurs qui auront su saisir la chance de leur titularisation. Pogba, encore buteur (sa quatrième réalisation avec les Bleus), confirme sortie après sortie son statut de taulier au milieu de terrain. A ses côtés, Schneiderlin n’a pas ménagé ses efforts. Derrière, pour sa première sélection au poste de défenseur central, Jérémy Mathieu a fait parler son jeu sans fioritures et laissé entrevoir de belles perspectives à sa doublette avec Varane. Devant, on notera le match intéressant de Cabella, passeur décisif pour Pogba sur un corner qui aura traversé la surface sans être touché. Les points négatifs ? Sissoko n’a pas existé sur le flanc droit de l’attaque, Cabaye a déçu au milieu de terrain et Digne a parfois semblé jouer « trop facile » derrière. Prochain rendez-vous le 11 octobre contre le Portugal. Pour quelques enseignements supplémentaires, si possible. C’est encore loin, 2016 ?