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Transversales: France-Israël, avant le but assassin de Kostadinov, "l’autre" désastre de 1993

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En octobre 1993, un mois avant le cauchemar contre la Bulgarie, les Bleus avaient l’occasion de valider leur qualification pour la Coupe du monde aux Etats-Unis contre Israël. Un match nul contre la 77e nation mondiale suffisait aux Bleus pour valider leur billet, mais, comme sur le but d’Emil Kostadinov un mois plus tard, les hommes de Gérard Houllier ont craqué dans le temps additionnel. Ce jeudi soir, "90+", le nouvel épisode de Transversales sur RMC Sport 1, se penche sur cet "autre" désastre de 1993.

Contrairement au fameux France-Bulgarie, cette rencontre n’est pas aussi ancrée dans les mémoires collectives. Et pourtant, sans ce désastre d’octobre 1993, il n’y a pas d’élimination honteuse sur un but d’Emil Kostadinov un mois plus tard. Dans "90+", le nouvel épisode de Transversales diffusé ce jeudi soir sur RMC Sport 1 et dédié à ces arrêts de jeu qui ont changé le destin de nombreuses équipes, RMC Sport se penche sur la rencontre entre la France et l’Israël, avant-dernier match des qualifications pour la Coupe du monde 1994 aux Etats-Unis.

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"Il reste deux matchs à domicile et il nous faut un point pour nous qualifier. C’est aussi simple que ça", résume Jean-Michel Larqué. Simple sur le papier, d’autant qu’Israël, 77e nation mondiale au classement FIFA (la France est 7e), n’a plus gagné depuis près d’un an et demi et 17 rencontres. Au match aller, à Tel Aviv, les hommes de Gérard Houllier ont écrasé les coéquipiers de Ronny Rosenthal, attaquant de Liverpool et seul joueur connu de cette formation. "Ça paraît presque gagné à l’avance", indique Paul Dietschy, historien du sport et du foot français, dans "90+".

"L'Amérique" de Joe Dassin à l'échauffement et réservation d'une boîte de nuit

La confiance est de mise. Si bien que la Fédération française a même réservé une boîte de nuit à Paris pour fêter la qualification. À l’échauffement, la chanson "L’Amérique" de Joe Dassin résonne dans le Parc des Princes. "Là, t’as compris qu’on est aux Etats-Unis avant d’avoir joué le match", déplore Emmanuel Petit, titulaire lors de cette rencontre.

Sous une pluie intense, la France concède l’ouverture du score dès la 21e minute et est bousculée. Mais les Bleus rentrent aux vestiaires en menant 2-1, grâce à des buts de Franck Sauzée (29e) et de David Ginola (39e). Les Français font le boulot, même si la rencontre se joue sur un faux rythme. "Progressivement, ça s’est délité, car on ne s’était pas préparés mentalement", se souvient Emmanuel Petit. À la 83e, Eyal Berkovic, milieu de terrain du Maccabi Haïfa, égalise. Les Bleus tremblent, mais pas d’inquiétude, ils sont encore virtuellement qualifiés pour le Mondial américain.

Aux commentaires, Jean-Michel Larqué a un mauvais pressentiment sur un débordement de Ronny Rosentha à la 90e+3. "Oh, je n’aime pas ça", soupire le consultant sur TF1. L’attaquant de Liverpool centre en retrait pour Reuven Atar, qui frappe en première intention. Bernard Lama ne peut rien faire, les filets du Parc des Princes tremblent. La France s’incline 3-2 et gâche sa première munition.

Petit: "On s'est chié dessus"

"C’est une faute professionnelle, pour parler vulgairement, on s’est chié dessus", s’emporte Emmanuel Petit. "C’est une catastrophe. Et le pire dans la vie, c’est de ne pas tirer de leçon d’une faute professionnelle", poursuit Jean-Michel Larqué.

A l’époque, tout le monde pense à un accident de parcours et s’imagine que le tir va être rectifié un mois plus tard, lors de la dernière journée. Les Français ne sont pas inquiets. La preuve, la sortie en boîte n’a pas été décommandée. Pour la suite que l’on connaît: le 17 novembre, alors qu’ils n’ont toujours besoin que d’un match nul, les Bleus sont éliminés après leur défaite 2-1 contre la Bulgarie sur un but d’Emil Kostadinov à la 90+5, une nouvelle fois au bout du temps additionnel.

De cet automne 1993 tragique, tout le monde ou presque ne retient que le drame vécu face à la Bulgarie. Pourtant, au regard de la faiblesse de l’adversaire et de l’excès de confiance affiché par les Bleus avant la rencontre, cette défaite contre Israël, sans laquelle la France aurait déjà été qualifiée pour la Coupe du monde avant de se mesurer aux Bulgares, apparaît bien plus honteuse sur de nombreux points.

Félix Gabory avec Transversales