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La question du jour : pourquoi l'Allemagne n'a plus de bon 9 ?

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Les champions du monde allemands ouvrent leur Euro ce dimanche soir face à l’Ukraine à Lille (21h). Dans les rangs de la Mannschaft, on ne trouve qu’un seul avant-centre de métier, Mario Gomez (30 ans). Il devrait partager le poste avec un autre Mario, Götze, au profil totalement différent. Comment expliquer pareille pénurie dans un pays qui a donné à l’histoire du foot tant d’immenses numéro 9 ?

Klose a laissé un vide

On ne trouve pas facilement un successeur à l’homme recordman du nombre de buts inscrits en phase finale de Coupe du monde (16 buts). Miroslav Klose aura marqué le foot allemand des années 2000-2010, avec ses 71 buts en 137 sélections. Depuis qu’il a pris sa retraite internationale après le titre de champion du monde en 2014, la Mannschaft a perdu son ancrage sur le front de l’attaque, capable de prendre la profondeur, adroit devant le but, très efficace de la tête. Le dernier à avoir le profil du costaud planté devant le but s’appelle Mario Gomez (1,89m, 88kg, 30 ans). Sa grosse saison avec Besiktas (26 buts en championnat de Turquie) a convaincu Joachim Löw de le prendre pour l’Euro. Même si pour l’instant, Gomez n’a aucune garantie de débuter les matches. Löw semble pour l’instant s’orienter vers un trio offensif Müller, Götze, Draxler.

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Changement d’ère

Le football évolue et la notion d’attaquant axial avec lui. La pénurie d’avant-centres outre-Rhin interpelle cependant un peu plus qu’ailleurs. D’abord parce que l’Allemagne est historiquement un immense pourvoyeur de « centraux » aux caractéristiques certes différentes. La liste est longue. Les Klinsmann, Völler, Hrubesh, Rummenigge, Bierhoff, Gerd Müller ne parleront peut-être pas aux plus jeunes générations. Mais on trouve toujours leurs exploits en couleurs dans les albums… Le Klinsmann sélectionneur (2004-2006) avait lancé le processus d’un football de possession. Son adjoint puis successeur Joachim Löw a poursuivi l’œuvre. Le modèle espagnol a accentué la primauté de la technique et de la vitesse sur la puissance pure. Jusque dans écoles de foot, où l’on n’apprend plus aux attaquants à attendre le bon centre dans la surface, l’Allemagne a mué. Avec le succès que l’on sait.

Pas vraiment de besoin

A voir les forces en puissance, la question relève de l’évidence. L’Allemagne a –telle réellement besoin du numéro 9 ? En fonction des sensibilités, les avis pourront diverger chez les éminences grises du ballon rond. Mais quand on dispose d’un Thomas Müller dans son équipe, l’animation offensive devient tout de suite beaucoup plus simple. Dans son style si particulier, l’attaquant du Bayern (26 ans, 73 sélections, 32 buts) sait pratiquement tout faire. Il sait conclure, faire jouer autour de lui. Les Götze, Draxler et autres Reus apportent l’une des seules qualités qui lui manque, la vitesse. Et s’il faut jouer les déménageurs au cœur d’une défense verrouillée, avec Gomez en sortie de banc, les options à la disposition du sélectionneur restent larges.

la rédaction