Lloris, une carapace à briser

Hugo Lloris - -
Pas très sympa, Kim Källström. Le partenaire d’Hugo Lloris à Lyon retrouvera son gardien, cette fois face à lui, le 19 juin prochain à Kiev, lors d’un Suède-France sans doute décisif lors du dernier match de la poule D de l’Euro 2012. C’est que le Scandinave à la frappe de mule est extrêmement élogieux à l’égard de l’ancien Niçois. Trop sans doute : « Il peut titiller des gardiens tels que Gianluigi Buffon ou Peter Schmeichel », assure le Suédois. Voilà comment infliger une belle pression à son adversaire. Mais pour atteindre le niveau ou l’aura de l’Italien, champion du monde en 2006, ou du légendaire portier danois de Manchester United, Hugo Lloris devra se montrer à la hauteur de son immense talent avec l’équipe de France.
Mais ce n’est pas tout. Désigné capitaine par Laurent Blanc, Lloris doit briser la glace. Depuis ses débuts en 2006, Lloris a bien du mal à se défaire de son image de joueur discret. C’est peu dire que l’homme est réservé. Franchement pas attiré par les lumières, il n’est pas du genre à s’épancher sur sa vie privée dont on sait finalement peu de choses. Lloris, un leader, vraiment ? « Il est réservé mais pas timide, souligne son coach, Rémi Garde. Il a une grande capacité d’analyse. Il a besoin de peu de phrases pour s’exprimer. Il trouve toujours le bon moment et les bons mots pour le faire. En ce sens, oui, c’est un leader. »
Duverne : « C’est un fou ! »
Au sein d’un groupe, Lloris ne fait pas de vague. Mais son mémorable coup de gueule après un Nice-OL d’avril 2011 à l’issue duquel il hurla « Vous ne respectez pas le maillot, j’en ai ras le cul !» a mis la puce à l’oreille. Le gardien des Bleus n’a pas atteint un tel niveau uniquement grâce à sa détente ou ses arrêts réflexes. « C’est un gagneur, lâche Robert Duverne, le préparateur physique de l’OL. Il est très têtu, très joueur. On le décrit souvent comme quelqu’un de réservé, mais c’est un fou ! Comme tous les gardiens. » A 25 ans, deux ans après l’échec (collectif) en Afrique du Sud, c’est avec le brassard de capitaine que Lloris (31 sélections) aborde sa deuxième grande compétition internationale.
Une compétition qui doit l’amener à forcer sa nature, même si Laurent Blanc n’attend pas non plus une métamorphose : « Il y a différentes façons d’être entendu et respecté au sein d’un groupe. Il y a ceux qui crient plus fort que les autres et ceux qui ne parlent pas souvent mais qui imposent le respect. Hugo n’est pas très expansif. Je crois qu’il est respecté dans le groupe. Lui et d’autres joueurs vont devoir s’affirmer durant cet Euro. » Un message clair qui pourrait propulser, en cas de réussite, le portier tricolore dans le cercle très fermé imaginé par Kim Källström.