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Aulas : « S’ils veulent que l’Olympique Lyonnais passe pour un blaireau… »

Jean-Michel Aulas

Jean-Michel Aulas - AFP

Jean-Michel Aulas a posé les bases d’une opération commando en Roumanie, après la défaite en barrage aller de la Ligue Europa contre le FC Astra Giurgiu (1-2). Présent sur place et très remonté, le président de l’Olympique Lyonnais en appelle même à l’orgueil de ses joueurs pour le match retour ce jeudi (18h45).

M. Aulas, est-ce que l’aventure européenne pourrait s’achever ici ?

Evidemment. Il y a plus que de chances que ça se termine maintenant et c’est ce que j’ai dit aux joueurs en arrivant. Mais je sais que ça ne va pas se terminer là. Pour cela, il va falloir que les joueurs se sortent les tripes pendant 90 minutes, voire 120 minutes. Le match a commencé depuis notre arrivée ici. Ils ont découvert ici ce qui a permis à Astra de nous battre au match aller, c’est-à-dire les valeurs des quartiers. Leur mental a été supérieur au nôtre. Il y a aussi peut-être des circonstances de préparation, de blessures. Mais l’ « excusite » en Coupe d’Europe, ça ne marche pas. Si les joueurs ne font pas un exploit individuellement et donc collectivement, la route s’arrêtera là. C’est l’heure de vérité.

Comment titiller cet orgueil lyonnais ?

Je me suis appliqué à décrire le contexte, à parler d’eux-mêmes, de leurs familles, d’où ils venaient et d’où ils allaient. J’ai parlé de guerres de religions, de rébellion, de lutte des classes. S’ils veulent que l’Olympique Lyonnais passe pour un blaireau, il ne faut pas exister demain. C’est une question d’hommes en vase clos. Il y a des éléments légitimes qui vont mettre cette équipe sur les chardons ardents pour gagner et surtout montrer un visage dont les supporters seront fiers. Venir ici pour eux, c’est comme une marque de confiance.

Peut-on parler d’opération commando ?

Oui, c’est une opération commando, c’est le terme que j’ai utilisé. Quand on fait une opération commando, on ne prend pas un avion privé qui se démarque par son luxe. On a fait en sorte d’être proche du stade. Un cuisinier est arrivé 48 heures avant pour éviter les problèmes de nourriture. On a fait en sorte de loger tout le monde en vase clos. Ce n’est pas un hôtel cinq étoiles mais il y a les conditions de révolte, de commando qui vont faire que l’on est entre nous. La motivation vient de la sublimation individuelle et permet au collectif d’être au plus haut niveau. Car en face, on aura une équipe surmotivée. La presse roumaine parle des millions que le club pourra engranger avec l’Europa League, là où nous disons qu’une qualification ne fera pas la différence sur nos budgets. On va faire en sorte d’être le petit, le plus humble mais aussi le plus conquérant dans la tête. Le regard des joueurs me dit que les choses vont changer.

Edward Jay