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Di Meco : « Ça reste une cicatrice pour certains »

Eric Di Meco aurait pu jouer trois finales de Coupe d'Europe dans sa carrière sans la main de Vata.

Eric Di Meco aurait pu jouer trois finales de Coupe d'Europe dans sa carrière sans la main de Vata. - -

Eric Di Meco faisait partie de l’équipe marseillaise éliminée par la main de Vata, en demi-finale de la Coupe d’Europe des clubs champions 1990. A l’heure des retrouvailles entre l’OM et Benfica, jeudi soir en Ligue Europa, l’ancien défenseur phocéen évoque un souvenir moins cuisant pour lui que pour certains de ses coéquipiers qui n’ont pas soulevé le trophée trois ans plus tard.

Eric, quelles images vous reviennent de cette demi-finale retour à Benfica ?
Celles d’une ambiance très hostile. Ça sentait la poudre, le traquenard. La Luz est un des stades qui m’a le plus impressionné dans ma carrière, avec 120 000 supporters qui voulaient voir une mise à mort. Il s’en est fallu de quelques minutes pour les décevoir.

Jusqu’à cette fameuse « main du diable » de Vata...
Je m’en souviens très bien puisque c’est moi qui étais au marquage. Sur le coup, je dois être un des seuls à m’en être rendu compte. Beaucoup de mes coéquipiers ne l’ont su qu’après-coup, dans le vestiaire. Même à la télévision, il a fallu trois ou quatre ralentis avant de voir cette main.

Vous reste-t-elle encore en travers de la gorge ?
Pour tout dire, je n’y pensais plus trop. C’était une péripétie de ma carrière. D’autant j’ai eu l’occasion de me rattraper avec une finale à Bari l’année suivante (perdue contre l’Etoile Rouge de Belgrade) et une victoire à Munich trois ans après (contre le Milan AC). Mais des coéquipiers n’ont pas eu cette chance et ça doit encore être une cicatrice pour certains. Moi-même, je me rends compte que j’aurais pu faire trois finales de Coupe d’Europe des clubs champions, ce qui est plutôt rare. Mais ce match-là nous a aussi servi de leçon pour la suite.

« On a beaucoup fantasmé sur la déclaration de Tapie »

Bernard Tapie avait d’ailleurs déclaré avoir « compris comment gagner une Coupe d’Europe » à partir de ce moment...
On a beaucoup fantasmé sur sa déclaration mais on peut lui faire dire tout et son contraire. A l’époque, tout le monde pensait que l’arbitre avait été acheté par Benfica. Le pauvre M. Langenhove, qui était épicier en Belgique, en a énormément souffert. Mais c’était un simple fait de jeu et il s’est fait gruger comme tout le monde. Vata a juste bien joué le coup et c’est ce que je lui dirais si je l’avais en face de moi aujourd’hui.

Lui continue d’affirmer qu’il n’a pas marqué de la main mais de l’épaule...
Ce qui ne change pas grand-chose. C’est un réflexe, comme celui de Thierry Henry contre l’Irlande, mais ça reste un acte d’antijeu qui lui a permis de jouer une finale de Coupe d’Europe. Ne pas avouer vingt ans après, c’est bizarre… Ça doit relever de la psychologie.

Pensez-vous que ce passif pèsera sur les deux rencontres ?
C’est peut-être particulier pour Didier (Deschamps) qui était sur le terrain à l’époque. Je lui ai demandé s’il allait s’en servir pour motiver ses joueurs. Mais la plupart ne savent même pas ce qu’il s’est passé. Ça n’a plus grande importance même si ça fait parler, écrire. On ressort les vieux et tout le monde est parti à la recherche de Vata. C’est quand même sympa parce que ça fait aussi partie l’histoire du football.

La rédaction