Kiev-Guingamp : la recette magique de l'En Avant

L’En Avant Guingamp se déplace sur la pelouse du Dynamo Kiev, ce jeudi, en 16e de finale retour de la Ligue Europa (19h). Après sa victoire 2-1 à l’aller, le club breton a l'occasion de prolonger sa saison exceptionnelle. RMC Sport vous livre la recette de sa potion magique.

La patte de Jocelyn Gourvennec

C’est la clé de voûte de l’En Avant Guingamp. L’homme qui incarne le succès. Depuis son arrivée en 2010, alors que le club végétait en National, Jocelyn Gourvennec réalise des miracles dans les Côtes-d’Armor. Malgré des moyens restreints, le coach de 42 ans a réussi à faire de son équipe l’une des plus séduisantes de l’Hexagone. A l’aube du mois du mars, les Bretons, huitièmes de Ligue 1, sont toujours en course en Ligue Europa et qualifiés pour les quarts de finale de la Coupe de France, dont ils sont tentants du titre, avec un déplacement abordable à Concarneau (CFA). Des résultats impulsés par un entraîneur pointilleux, brillant et investi.

Un énorme bosseur qui sait sublimer ses joueurs, à l’image de Thibaut Giresse ou Lionel Mathis, et exploiter leur potentiel au mieux. C’est lui qui a eu l’idée de replacer Claudio Beauvue dans l’axe. Cet attaquant à la détente folle qu’il avait repéré avec les U15 du FC Nantes, lorsqu’il venait observer le travail de Raynald Denoueix à la Jonelière. Avec son instinct et son sens tactique au-dessus de la moyenne, Gourvennec n’hésite jamais à se montrer audacieux pour forcer le destin. Autant dire que l’ensemble du club adhère à son projet et souhaite le voir rester le plus longtemps possible. L’ancien technicien de La Roche est sous contrat jusqu’en 2017. Mais à force de briller, les prétendants vont finir par être de plus en plus nombreux…

Un public fou de son équipe

Le Roudourou affiche une affluence moyenne de 14 671 personnes cette saison. Soit deux fois plus que la population de Guingamp. Un cas unique dans le monde du football. « Il y a une grosse ferveur, un public incroyable, savoure Jocelyn Gourvennec. Je pense qu’on a le plus grand public de France parce qu’il est derrière son équipe tout le temps, que ça gagne ou pas. On voit ça en Angleterre, mais pas en France. C’est une grande force pour le club et on cultive ça. » Un soutien sans faille qui permet à l’En Avant de présenter le 9e bilan de L1 à domicile. Avec deux victoires de prestige face au PSG et à Monaco (1-0).

A l’extérieur aussi, les Guingampais se mobilisent. Mais pour ce 8e de finale retour de Ligue Europa, le club a demandé à ses fans de ne pas faire le déplacement en raison de la situation politique en Ukraine et des incidents qui ont eu lieu à Dnipropetrovsk lors de la venue de Saint-Etienne en octobre dernier. Malgré cette mise en garde, ils sont tout de même une vingtaine à avoir rallié Kiev pour encourager les Rouge et Noir.

Des valeurs et un financement atypique

Guingamp est la plus petite ville qui compte encore un club engagé en Coupe d’Europe. Et largement, la deuxième étant Villarreal et ses 51 000 habitants. Alors pour réussir à s’inviter dans le carré VIP, l’En Avant mise sur ses vertus : l’humilité, l’effort, la cohésion. « Il y a des valeurs simples de travail ici, confirme Gourvennec. Il y a beaucoup de calme et de sérénité pour bien se préparer. » Une sérénité préservée par un modèle économique atypique et un soutien massif des sociétés locales.

L’avant-dernier budget de Ligue 1 est financé par 85 entreprises et une partie de leurs proches, le plus gros actionnaire ne détenant que 3% du club. « Ce modèle est fondamental pour nous, explique Bertrand Desplat, le président de Guingamp. Il nous permet d’être plus forts. On n’a pas la chance ici d’avoir un grand mécène international qui viendrait dépenser son argent. Donc il faut qu’on s’unisse. Cette idée de coopérative, c’est le moyen pour nous de titiller les budgets de clubs qui ont plus de facilités. Notre modèle, c’est d’affirmer haut et fort que Guingamp appartient à tout le monde et avant tout à son tissu économique. On essaie d’avoir les mêmes ambitions avec des moyens différents, qui sortent du cadre ordinaire du football professionnel. »

Alexandre Jaquin avec Pierre-Yves Leroux, à Guingamp