Affaire du baiser forcé: Luis Rubiales définitivement condamné

Ce baiser forcé imposé à la joueuse Jenni Hermoso, filmé en direct, avait indigné le monde entier. La justice espagnole a confirmé en appel mercredi la condamnation de l'ex-patron du foot espagnol Luis Rubiales à une amende de 10.800 euros pour agression sexuelle.
"Le tribunal considère que le baiser n'a pas été consenti et rappelle que dès le début, la joueuse Hermoso a exprimé son mécontentement, comme elle l'a confirmé elle-même lors du procès, ainsi que ses coéquipières de l'équipe nationale", écrit la cour d'appel de l'Audience nationale dans sa décision, jugeant "correcte" la qualification des faits en "agression sexuelle".
Cette décision de la cour d'appel peut encore faire l'objet d'un recours auprès du Tribunal suprême, la plus haute juridiction espagnole. Le 20 août 2023, lors de la remise des médailles après la victoire de l'Espagne en finale du Mondial féminin à Sydney, Luis Rubiales, alors président de la Fédération espagnole de football (RFEF), avait pris à deux mains la tête de l'attaquante de la "Roja" Jennifer Hermoso, avant de l'embrasser par surprise sur la bouche.
Face à l'indignation suscitée par ce geste, l'ex-homme fort du football espagnol avait tout d'abord refusé de démissionner pour "un petit bisou consenti" et dénoncé un "faux féminisme", assurant qu'il avait obtenu l'autorisation de la joueuse avant de l'embrasser. Acculé, il avait fini par démissionner en septembre 2023, deux semaines après les faits.
Lors de son procès en première instance, qui avait eu lieu du 3 au 14 février, la procureure avait requis deux ans et demi de prison à son encontre, pour agression sexuelle et pour les pressions ensuite exercées sur la joueuse pour atténuer le scandale. Luis Rubiales avait finalement été condamné à 10.800 euros d'amende, une peine qui avait à l'époque suscité la colère d'associations féministes qui la trouvaient bien trop faible. Outre cette peine d'amende, l'interdiction pour Rubiales de s'approcher d'Hermoso dans un rayon de 200 mètres, ainsi que celle de communiquer avec elle pendant un an, a aussi été confirmée en appel.
Autres appels rejetés
La cour d'appel l'a aussi à nouveau relaxé mercredi du délit de coercition, estimant comme lors du procès de première instance qu'aucun élément ne prouvait l'existence d'un acte de violence ou d'intimidation. L'Audience nationale a aussi confirmé la relaxe pour ce même délit de coercition des coaccusés de Luis Rubiales, l'ancien sélectionneur de la "Roja" féminine Jorge Vilda et deux anciens responsables de la RFEF, Rubén Rivera et Albert Luque.
La cour d'appel a également rejeté les autres recours déposés par le parquet, qui avait dénoncé la "partialité" du juge et réclamait un nouveau procès, et par Jenni Hermoso. Luis Rubiales, 47 ans, avait campé sur ses positions pendant le procès, se disant "absolument sûr" que Jenni Hermoso avait consenti à ce baiser. En face, Hermoso, érigée en symbole de la lutte contre le sexisme dans le sport, avait décrit les "innombrables" pressions subies après ce geste pour étouffer le scandale.
Depuis une réforme du Code pénal espagnol, un baiser non consenti peut être considéré comme une agression sexuelle, catégorie pénale regroupant tous les types de violence sexuelle. Luis Rubiales est par ailleurs poursuivi dans une autre affaire, de corruption cette fois-ci, autour du contrat de délocalisation de la Supercoupe d'Espagne en Arabie saoudite. L'enquête porte sur une série de contrats irréguliers conclus par la Fédération espagnole de football (RFEF) pendant son mandat de président, entre 2018 et 2023.
Luis Rubiales a nié avoir reçu de l'argent de manière "irrégulière" dans cette autre procédure qui met en cause plusieurs dirigeants et ex-collaborateurs de la RFEF et avait poussé le gouvernement espagnol à mettre l'instance sous tutelle "dans l'intérêt" du pays, futur co-organisateur du Mondial-2030 avec le Maroc et le Portugal.