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"Montrer nos parties génitales à un médecin", une ancienne joueuse suédoise dénonce des tests de genre pendant le Mondial 2011

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Nilla Fischer a dévoilé un moment traumatisant de sa carrière de footballeuse lors de la Coupe du monde 2011. L'ex-défenseure de la Suède a raconté ce mardi comment le kiné de la sélection a effectué des tests de genre pour vérifier si toutes les joueuses de l'équipe étaient bien des femmes.

Légende du football suédois où elle a porté le maillot de l'équipe nationale à 194 reprises entre 2001 et 2022, Nilla Fischer est une militante engagée pour les droits LGBTQIA+. Retraitée des terrains depuis décembre 2022, l'ancienne défenseure centrale est ensuite devenue la première fois à danser avec une autre femme dans la version locale de l'émission Danse avec les stars.

Mi-juin, l'ex-joueuse de 38 ans a sorti un livre Jag sa inte ens hälften ( que l'on peut traduire par: Je n'en ai même pas dit la moitié). En parallèle de cette publication, Nilla Fischer a raconté un événement parmi les plus pénibles de sa carrière lors du Mondial 2011 où les Suédoises ont dû baisser leur pantalon et leurs sous-vêtements pour prouver à un membre du staff médical qu'elles étaient bien des femmes.

"Je baisse rapidement ma tenue d’entraînement et mes sous-vêtements en même temps"

Lors de la compétition organisée en Allemagne, de nombreuses rumeurs avaient entouré la sélection équato-guinéenne. Deux soeurs, Salimata et Bilguisa Simpore, avaient été suspendues par leur sélection après des accusations les présentant comme des hommes se faisant passer pour des femmes. En réaction, la sélection suédoise avait mené ses propres tests.

"On nous a dit de ne pas nous raser l’entrejambe pendant quelques jours et que nous aurions à montrer nos parties génitales à un médecin", a expliqué Nilla Fischer auprès du quotidien suédois Aftonbladet ces derniers jours.

C'est finalement la kiné de l'équipe qui s'en est chargée avec le médecin présent à ses côtés: "Je comprends ce que je dois faire et je baisse rapidement ma tenue d’entraînement et mes sous-vêtements en même temps."

Nilla Fischer a ensuité décrit avec minutie le processus de ces tests de genre: la kiné vérifiait la fémininité d'une joueuse, le signalait au médecin qui le marquait sur sa liste puis passait à l'internationale suivante.

"Une fois que toutes les joueuses ont été contrôlées, c’est-à-dire qu’elles ont montré leurs parties génitales, notre médecin atteste que l’équipe est uniquement composée de femmes", s'est encore souvenue l'ancienne défenseure dans ce qu'elle présente comme une "humiliation".

La Fifa a fait évoluer son règlement depuis 2011

Malgré un début de compétition marqué par cet incident traumatisant, les Suédoises avaient finalement réussi à se recentrer sur le sportif. Eliminée en demi-finale par l'Allemagne, futur vainqueur, la Suède avait ensuite battu la France pour finir à une belle troisième place.

Quatre ans après les rumeurs de 2011, la Fifa avait demandé aux équipes qualifiées pour le Mondial 2015 de certifier la féminité de leurs joueurs sans pour autant imposer des tests trop poussés. Mais pour l'édition 2019, l'instance présidée par Gianni Infantino avait finalement confirmé la possibilité d'examiner une joueuse en plein tournoi si une équipe adverse ou des médecins assermentés le demandent. Un moyen selon la Fifa, de préserver une égalité des chances entre sélection.

Après la polémique autour de la nageuse transgenre Lia Thomas aux Etats-Unis en juin 2022, la Fifa avait confirmé vouloir se pencher sur la question de la transidentité pendant ses compétitions. Mais la fédération internationale n'a pas officiellement tranché sur cet épineux dossier avant la Coupe du monde féminine organisée du 20 juillet au 20 août en Nouvelle-Zélande et en Australie.

JGL