Miss France: pourquoi Amandine Henry est présidente du jury

Amandine Henry cultive l’art du grand écart. Celui, ce samedi, d’être sur la pelouse avec l'OL en crampons à 15h30 pour affronter Dijon (12e journée de D1 féminine) et en tenue de soirée à 21h pour présider le jury de Miss France à Marseille. Mais aussi celui de participer à un concours de beauté de plus en plus critiqué pour son sexisme… tout en étant l'une des porte-paroles de la féminisation du football.
Capitaine de l’équipe de France de France de football, onze fois championne de France et victorieuse de la Ligue des champions à cinq reprises avec l’Olympique Lyonnais, la milieu de terrain de 30 ans a l’un des plus beaux palmarès du foot français. Mais à tous ces faits d’armes collectifs, il faut aussi rajouter les nombreuses distinctions individuelles: 2e du Prix UEFA de la "Meilleure joueuse d’Europe" en 2015 et en 2016, "Ballon d’argent" de la Coupe du monde féminine en 2015, nommée pour le prix "The Best" de la FIFA en 2018… A son poste, et ce depuis des années, Henry fait partie du gratin mondial.
Au bout de son rêve américain
En 2016, son talent saute aux yeux des recruteurs américains, qui vont la faire venir en National Wowen’s Soccer League (NWSL). La Nordiste a déjà tout gagné en France et tente donc le rêve américain en s'envolant pour le pays qui règne sur le football féminin depuis des années. Aux Thorms de Portland, qu’elle rejoint en pleine saison, Henry s’impose très vite comme une titulaire indiscutable. Avec le club de l’Oregon, elle remporte le championnat américain un an et demi après son arrivée, en 2017. Peu importe le continent, Henry gagne. Encore et toujours.
De retour en France à l’automne 2017, à l’Olympique Lyonnais, l’internationale française (83 sélections, 11 buts) a un double objectif : asseoir la domination rhodanienne sur le football européen… et offrir le premier titre de son histoire à l’équipe de France féminine.
Car pour celle qui a connu le succès partout où elle est passée, la seule ombre au tableau d’une carrière époustouflante reste ses échecs répétés avec l’équipe de France. Depuis qu’elle est en bleue, Henry n’a jamais connu les joies d’un sacre international, finissant au mieux quart-de-finaliste de toutes les grandes compétitions auxquelles elle a pris part (mise à l’écart par le sélectionneur Bruno Blini en 2010, elle n’était pas du Mondial 2011 et des J0 2012, où la France avait été en demies).
Force de caractère, sur en dehors des terrains
Malgré tout, la joueuse s’est imposée parmi les sportives françaises les plus médiatisées. Propulsée sur le devant de la scène par ses performances sportives, Henry a su endosser le rôle d’ambassadrice du foot féminin. En 2008, au moment de subir une greffe de cartilage à son genou droit (une opération inédite pour un sportif de haut-niveau), son mental hors-norme lui avait permis de continuer sa carrière. Plus tard, Henry va mettre cette force de caractère au service de la démocratisation de son sport.
En 2016, elle se rappelait d'ailleurs du traitement infligé par les garçons sur les terrains de football. "Ça forge le caractère de jouer avec les gars. Au début, ils ne te prennent pas au sérieux, puis quand tu as fait tes preuves tu as un statut privilégié", confiait-elle alors à Rue 89.

La Coupe du monde 2019, organisée en France l’été dernier, va être pour elle une nouvelle occasion de s’exprimer sur le sujet des disparités entre les hommes et les femmes dans le football. "Il faut aller au-delà des clichés, s’inscrire dans un club et toujours croire en soi. Et puis montrer que le foot n’est pas fait que pour les garçons !", lançait-elle en juin dernier dans une interview accordée au magazine Elle.
Critiquée pour sa participation à Miss France
Longtemps "garçon manqué", de son propre aveu, Henry a désormais bien changé. "On est avant tout des femmes. On est coquettes. C'est une force", clamait-elle sur France Inter en mai 2019. Au point, donc, de revendiquer cette féminité en intervenant lors du plus grand concours de beauté de France.
Désignée présidente du jury de Miss France, ce samedi soir, la footballeuse a dû essuyer pas mal de critiques. "Au-delà de leur beauté, elles sont capables d'accomplir beaucoup de choses dans leurs vies professionnelles", a-t-elle assuré dans les colonnes du Parisien, en réponse à celles et ceux qui jugent cet événement sexiste. "Je n'aurais jamais accepté d'être présidente si c'était juste sois 'belle et tais-toi'!'
"Si une Miss est très belle mais qu'elle ne sait pas aligner deux mots, ça sera rédhibitoire", a-t-elle confié. "Mais je ne me fais pas de souci car elles ont été préparées. Ça va se jouer pour moi sur la prise de parole. C'est le plus important. J'y ferai très attention." Pour l'emporter, les prétendantes devront donc faire preuve de caractère. A l'image de celle qui présidera leur jury ce samedi soir.
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