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FIFA : une élection en questions

Sepp Blatter, le président controversé de la FIFA.

Sepp Blatter, le président controversé de la FIFA. - -

Désormais seul candidat à sa succession, Sepp Blatter va être élu, ce mercredi, pour un quatrième mandat à la tête de la FIFA. Le tout au milieu d’un énième scandale de corruption qui éclabousse l’instance internationale. Explications.

Que se passe-t-il à la FIFA ?

Président de la Confédération asiatique, Mohammed Ben Hamman était le seul candidat déclaré face à Sepp Blatter. Accusé de s’être associé à Jack Warner, président de la CONCACAF (Confédération d’Amérique du Nord et d’Amérique centrale), pour offrir 36.000 euros de cadeaux à des Fédérations nationales en échange de leurs votes, le Qatarien s’est retiré de la course avant d’être suspendu par le comité d’éthique de la FIFA. Egalement suspendu, Warner a déclenché une tempête en publiant un échange de mails avec le Français Jérôme Valcke, secrétaire général de la FIFA, dans lequel ce dernier lâche une bombe à propos de Ben Hamman : « Peut-être qu’il pensait que l’on peut acheter la FIFA comme les Qatariens ont acheté la Coupe du monde ». Une référence à l’attribution controversée du Mondial 2022 au Qatar. Cité dans l’affaire, et accusé d’un « don » de 700.000 euros à la CONCACAF, Blatter a lui été lavé de tout soupçon. Comme toujours.

L’élection peut-elle ne pas avoir lieu ?

Sauf cataclysme, non. A la tête de son programme « tolérance zéro contre la corruption » (!), Blatter rappelle les règles d’un scrutin dont il est désormais le seul acteur : « Seuls les 208 membres du congrès peuvent décider de reporter l’élection. » Les opposants se font pourtant entendre. Le président de la Fédération anglaise, David Bernstein, réclame « le report de l’élection et un processus plus crédible ». Une demande appuyée par l’ONG de lutte contre la corruption Transparency International : « Des élections libres et honnêtes ne peuvent avoir lieu quand des électeurs sont soupçonnés d’avoir été influencés. » Une partie des délégués de la Confédération asiatique a déjà quitté Zurich, où a lieu l’élection, en soutien à Ben Hamman. Les autres ont évoqué un boycott du vote même si Ben Hamman leur a demandé de ne pas en venir à cette solution.

Quelles conséquences sur la FIFA ?

Le ministre des Sports australien, Mark Arbib, met les pieds dans le plat : « La FIFA a besoin de réforme ». Et son compatriote Les Murray, membre du comité d’éthique de la FIFA, d’enfoncer le clou : « La réforme doit être profonde et à tous les niveaux ». Chose rare, quatre des six partenaires financiers principaux de l’instance (Visa, Emirates, Coca-Cola et adidas) s’émeuvent de la conséquence des scandales sur l’image du football. Visa va même plus loin : « Nous demandons à la FIFA de prendre des mesures nécessaires pour dissiper les inquiétudes ». Une révolution en marche ? Le passé incite au pessimisme. Tout comme l’ironie de Grant Wahl, journaliste pour l’hebdomadaire américain Sports Illustrated, qui avait souhaité présenter sa candidature à la présidence pour « remettre l’éthique au centre de la FIFA » : « On va réélire un homme visé par des accusations de corruption mais seul candidat. Ces gens vont continuer à agir en toute impunité. » Une déclaration de Blatter, mardi, apporte une lueur d’espoir : « La pyramide de la FIFA est en train de vaciller sur ses bases. Il y a danger en la demeure. » C’est déjà pas mal de le reconnaître.

Alexandre Herbinet