
Forte mobilisation pour la libération d'un footballeur emprisonné en Thaïlande

Image d'illustration - AFP
Elle a déjà recueilli près de 16.000 signatures. En moins de 24 heures. Amnesty International a lancé mardi une pétition pour demander la libération du footballeur bahreïni Hakeem Al-Araibi. Elle a depuis été relayée notamment par l’ancien sprinteur australien Robbie McEwen (trois fois vainqueur du maillot vert sur le Tour de France), l’ex-défenseur néerlandais John van't Schip (vainqueur de l’Euro 1988) et plusieurs responsables du football australien (dont Danny Townsend, actuel directeur général du Sydney FC). Tous demandent au gouvernement thaïlandais de relâcher Al-Araibi, qui risque l’extradition vers le Bahreïn.
Réfugié politique en Australie, où il évolue en deuxième division au Pascoe Vale FC, un club de Melbourne, Al-Araibi a été arrêté fin novembre par la police aux frontières, à l’aéroport de Bangkok, sur la base d’une notice rouge d’Interpol diffusée à la demande de Bahreïn. Ce type d'alerte est utilisé par l'agence de police internationale pour informer les pays sur les individus qui font l’objet d’un mandat d'arrêt. Sauf que, comme l’explique le New York Times, des associations accusent les gouvernements autoritaires, comme Bahreïn, d’abuser de ce système pour forcer des opposants politiques en exil à rentrer dans leur pays. Interpol a retiré début décembre la notice rouge concernant Al-Araibi.
Condamné à 10 ans de prison
Trop tard, ce dernier avait déjà été envoyé derrière les barreaux. Le New York Times raconte que des responsables thaïlandais ont déclaré qu'ils maintenaient Al-Araibi en détention parce qu'ils avaient reçu une demande d'extradition de la part des autorités bahreïniennes, fondée sur une peine d'emprisonnement prononcée par la justice de son pays pour des actes de vandalisme. En 2014, il a effectivement été condamné à 10 ans de prison pour avoir vandalisé un poste de police. Une version contestée par Al-Araibi, qui assure que les faits qui lui sont reprochés se seraient déroulés alors qu'il jouait un match de football à l'étranger, diffusé à la télévision.
Selon l'ONG Human Rights Watch, le joueur paie derrière cette histoire les activités politiques de son frère, en totale contradiction avec celles du gouvernement bahreïni. Après sa condamnation, Al-Araibi a fui en Australie, où il a demandé l’asile, obtenu le statut de réfugié politique en 2017 et dénoncé les violations des droits de l'homme en vigueur dans son pays. Des violations auxquelles il a donc échappé jusqu’à ce qu’il se fasse arrêter à Bangkok, où il avait prévu de passer quelques jours de vacances avec son épouse. "A présent, il croupit dans un centre de détention pour immigrés en Thaïlande. Nous savons qu’il risque l’emprisonnement et la torture s’il est renvoyé à Bahreïn", indique Amnesty International dans sa pétition. La FIFA s'est également prononcée publiquement en faveur de sa libération.
La FIFA demande sa libération
"A la suite d'échanges répétés avec la Fédération australienne, la FIFA appelle à nouveau à une résolution humaine et rapide de l'affaire concernant le joueur Hakeem Al-Araibi. Cette situation n'aurait pas dû se produire, en particulier, car M. Al-Araibi vit et travaille maintenant en tant que footballeur professionnel en Australie, où il a obtenu le statut de réfugié. La FIFA appelle toutes les autorités compétentes (Bahreïn, Thaïlande, Australie) à prendre les mesures nécessaires pour qu’il soit autorisé à retourner en sécurité en Australie, où il pourra reprendre sa carrière de footballeur professionnel", a fait savoir l’instance internationale dans un communiqué.
Selon Amnesty International, Al-Araibi, dont la demande de libération sous caution formulée par son avocat a été rejetée, sera fixé sur son sort le 1er février. En attendant, l’ONG appelle chacun à demander "aux autorités thaïlandaises de libérer Hakeem immédiatement et de lui permettre de retrouver ses amis, collègues et coéquipiers en Australie".