Frankenhuis, un Français chez les Brésiliens

Jean-Pierre Frankenhuis, Français et responsable logistique en Europe de la Seleçao depuis 1997, connaît parfaitement les coulisses de la sélection brésilienne. Trois dates, trois Coupes du monde, trois anecdotes.

France 98 (battue en finale par la France 3-0) : l’Affaire Ronaldo

« Jusqu’à 14h les joueurs se reposaient, et puis j’entends de ma chambre quelqu’un crier « Ronaldo est en train de mourir ! ». Ils l’ont envoyé à la clinique des Lilas qui n’a rien vu de particulier, si ce n’est une grande fatigue après ce qui lui était arrivé dans la chambre. Dans le bus, il y a avait un silence funéraire, Ronaldo n’était pas avec nous. On n’a su qu’une fois sur place qu’il viendrait. Zagallo a du décider s’il le faisait jouer. Ronaldo avait beaucoup de pression, Canal + avait dit la veille ‘Le Brésil ne gagnera que si Ronaldo marque’. Une nuit il avait reçu plein d’appels parce qu’un journaliste italien avait donné son portable… Il jouait pendant des heures aux jeux vidéo. Deux choses sont sûres : il n’a pas été empoisonné et il n’a pas joué sous la pression de Nike. »

Japon 2002 (2-0 en finale face à l’Allemagne) : un golf dans les couloirs de l’hôtel

« On était à l’hôtel avant d’aller à Yokohama pour la finale. Il y avait un couloir long de 150m, qui était plein de courbes. Les joueurs s’ennuyaient, alors j’avais fait un parcours de golf avec des cannes et des balles. On avait fait un parcours avec interdiction d’utiliser les murs. Il y avait Dida le gardien et d’autres. Au bout il y a avait un verre d’eau qui servait de trou. On a joué 1h, ça a fait passer le temps »

Allemagne 2006 (éliminée en quart de finale par la France 1-0) : Un phénomène d’usure

« Les joueurs avaient vieilli, il y avait moins d’enthousiasme à être dans l’équipe du Brésil. Il y avait aussi des clans, ceux de 2002, les autres… A table, ils se mettaient toujours par groupes. Il n’y a avait pas une cohésion de 23 joueurs. C’est un des facteurs qui a fait qu’on n’a pas réussi à faire quoi que ce soit face à la France, une fois qu’on était menés 1-0. Ça s’est vu sur le terrain. Une fois que la France a marqué ce but, je me suis assis, et j’ai regardé ça de manière très détachée. On sentait bien qu’il n’y avait pas la force de réaction nécessaire. »

Propos recueillis par LB