
Hélder Cristóvao: "Joao Félix est destiné à jouer dans l’un des meilleurs clubs du monde"
Hélder Cristóvão, quel regard portez-vous sur le phénomène João Félix ?
Je savais que, tôt ou tard, ce phénomène allait se produire. Il suffisait d’attendre qu’il joue avec l’équipe première. Quand je l’ai lancé à 16 ans dans le mode professionnel en D2, je voyais en lui un joueur différent, avec un toucher sublime, une capacité de lecture des actions hors du commun.
A quel poste le préférez-vous ?
Il y a eu un doute à savoir s’il devait évoluer dans le couloir et j’ai tout de suite dit non. J’ai dit, en interne, que João serait un attaquant. Certaines personnes n’y ont pas cru mais je suis allé de l’avant. Je l’ai d’abord mis comme deuxième attaquant dans un 4-4-2 losange et ensuite comme avant-centre. Lors de son premier match à ce poste, il a inscrit trois ou quatre buts dans un match de présaison. On a compris qu’on avait là un avant-centre. En 4-2-3-1 ou en 4-4-2 losange, il sera toujours un 10, mais dans un 4-4-2 classique, c’est un joueur mobile qui peut occuper le couloir ou l’axe. Il a une facilité pour atteindre les zones de finition et une fois qu’il y est, il a une capacité différente des autres pour marquer.
Sur quoi peut-il encore progresser ?
On dirait que c’est un joueur fini mais il ne l’est pas encore. Il peut progresser dans sa capacité à résister aux chocs, même s’il ne les évite pas. Il peut s’améliorer dans son développement au cours du match, être plus constant dans les actions. Bien que ses actions soient souvent justes, il peut donner plus encore. Cela dépend aussi de l’attaquant avec lequel il joue. Il est très complémentaire avec un attaquant plus physique. A 19 ans, il a déjà les mêmes mouvements, la même lecture de jeu que Jonas.
Il est comparé à Zidane, Kaka, Rui Costa, João Pinto… Que pensez-vous de ces rapprochements ?
Ce sont tous de grands joueurs mais il serait plus juste de laisser João créer son propre style, sa propre identité et, là, on parlera du style João Félix. A première vue, quand je l’ai lancé, on aurait dit qu’il n’avait pas de puissance, qu’il n’avait pas de rapidité, pas de qualité dans le jeu aérien. Le fait est qu’il a son style, il est subtil, élégant, c’est un joueur à part. J’ai détecté cela très tôt en lui. Il faut aussi savoir que lorsque je le lance en équipe B, il ne compte qu’une demi-douzaine de matches avec les juniors. Il n’avait que 16 ans.
Comment définiriez-vous sa personnalité ?
C’est un gamin très bien élevé. Il est très sociable, s’intègre parfaitement à la vie de groupe. Tout ce qui lui arrive, il le mérite et il saura comment le gérer. C’est un garçon avec les pieds sur terre.
De très grands clubs le suivent. Quel conseil lui donneriez-vous ?
C’est difficile de répondre à cela. On a des exemples récents de joueurs qui prouvent que la loi du marché est la plus forte. S’il fait son chemin au Benfica, João est destiné à jouer dans l’un des deux ou trois meilleurs clubs du monde.
Est-il déjà prêt pour la Seleção A ? Fernando Santos aime faire les choses avec calme…
Face à ce genre de phénomène, il n’y a pas de calme à avoir. Je suis sûr et certain qu’il sera bientôt en Seleção.