Italie-France : Gattuso mord toujours !

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Sa voix rauque résonne bruyamment dans la vallée. Au pied des montagnes enneigées, il encourage, replace et harangue ses partenaires. Avec une rage de tous les instants. Une séance d’entraînement tout ce qu’il y a de plus classique pour Gennaro Gattuso. Depuis l’été dernier, c’est ici que le rugueux milieu de terrain promène ses larges épaules et son regard intimidant. Dans la petite commune de Sion, en plein cœur du Canton du Valais, au sud de la Suisse. Une destination plutôt exotique pour l’ancienne idole de San Siro. Après 13 années de bons et loyaux services au Milan AC, le soldat italien s’est laissé convaincre par le challenge helvète. A la clé ? Deux ans de contrat et un salaire annuel - tenu secret - qui avoisinerait le million d’euros.
Pas de quoi faire gonfler la tête du champion 2006, véritable apôtre du don de soi. « Ce n’est pas un CV qui fait un joueur, résume le nouveau capitaine de Sion. Il faut avoir la volonté de se battre et de tout donner sur le terrain. Le passé ne compte pas. C’est ce qu’on prouve quotidiennement à l’entraînement et en match qui est important. Je suis arrivé ici avec cette mentalité ». Une mentalité qui force l’admiration de l’autre côté des Alpes. « Son implication et son engagement impressionnent, admire Marco de Gennaro, le directeur général du club. C’est incroyable de voir ça après ce qu’il a fait dans sa vie. Il a toujours envie de gagner, même les petits matchs en semaine. C’est un exemple. On a de la chance de l’avoir dans les vestiaires. Je peux comprendre qu’on pense qu’il est en pré-retraite, mais ce n’est pas le cas. On l’a su dès les 15 premiers jours ».
« Après l’entraînement, il porte les bidons, il va déplacer les buts »
Au-delà de son apport dans le jeu, le guerrier calabrais surprend par son volontarisme hors du pré. « Gattuso est toujours présent pour les séances de dédicaces, témoigne Stéphane Fournier, journaliste au Nouvelliste de Sion. Il a tout de suite voulu apprendre à signer en français. Il met un message ‘amicalement votre’ pour les fans. Il montre une réelle volonté d’intégration dans la vie du club. Après l’entraînement, il porte les bidons, il va déplacer les buts ». Une attitude peu commune pour un joueur de 34 ans, qui compte deux Ligue des champions et deux championnats d’Italie à son actif.
En misant sur l’ancien pitbull des Glasgow Rangers, le FC Sion ne s’est pas trompé. « Au départ, le président m’a dit qu’on avait besoin d’un leader combatif au milieu de terrain, raconte de Gennaro. Il cherchait un exemple et il a dit : ‘Comme Gattuso !’ Finalement, on s’est dirigé directement vers lui. Je l’ai appelé et il est venu. » A l’heure où la plupart des stars en fin de carrière migrent vers la chaleur de Dubaï, l’opulence de la Chine ou le confort des Etats-Unis, Gattuso a choisi la montagne suisse, son climat austère et son anonymat. Au fond, quoi de plus normal pour un homme qui a un jour confié : « Un match de football idéal, ça se joue un soir d'hiver, sous la pluie et dans le froid ! »