"Je crains que ça prenne de l’ampleur": après les épisodes Longoria et Fonseca, le foot amateur a peur pour ses arbitres

Avec en moyenne 500 arbitres qui se font molester ou bousculer en France chaque année, Olivier Lamarre, le porte-parole du Syndicat des arbitres du football d'élite (SAFE), a haussé le ton dimanche dans Bartoli Time sur RMC. Dans son sillage, les arbitres et éducateurs au niveau amateur, déjà confrontés à une hausse de la violence, craignent que les dérapages s’accentuent. Les récentes attitudes de Pablo Longoria et Paulo Fonseca ne passent malheureusement pas inaperçues.
"Avec ce qu'il se passe, je crains que ça prenne de l’ampleur"
"Le football ne mérite absolument pas ça. Aujourd'hui on a clairement des attitudes qui se dégradent", constate Adil Echaoui, arbitre de district dans les Alpes-Maritimes. Après "l’agression physique" vécue par Benoît Millot au Groupama Stadium dimanche, il s’attend à de nouveaux dérapages en amateur: “Malheureusement pour nous les arbitres qui sommes dans des conditions modestes, c'est déjà quelque chose qu'on connaît. Là, avec ce qu'il se passe, je crains que ça prenne de l’ampleur."
Éducateur au Stade Laurentin Football depuis 45 ans, Aimé Capel tire le même constat: "C'est inadmissible ! Ça reflète bien la société qu'on voit actuellement. Avec tous les enfants, les parents sur le terrain qui crient après les enfants, qui crient après les arbitres... Il y a même des bagarres et des envahissements de terrain par rapport à ces comportements."
"Le retrait de points, c'est ce qu'il y a de plus lourd !"
Passionné de football, l’éducateur voit son sport en perte de vitesse: "Beaucoup de parents ne veulent plus inscrire leurs enfants au football par rapport à tous ces débordements. (...) Il faudrait faire des réunions parents-enfants-éducateurs pour essayer de calmer tous ces mauvais comportements."
Au sifflet sur les terrains de district chaque week-end, Adil Echaoui attend des sanctions fermes à l'encontre de Paulo Fonseca et suggère une idée: “Ce n'est pas normal qu'un club ne puisse pas être sanctionné de retrait de points s'il y a un mauvais comportement de ses dirigeants. Parce que le retrait de points, c'est ce qu'il y a de plus lourd pour une équipe qui est en compétition." Aimé Capel est également de cet avis, car selon lui: "Quand il n’y aura plus d’arbitre, il n’y aura plus de football."
Le mimétisme entre pros et amateurs poussé jusqu’au moindre détail
Si après ces coups de sang ils s’attendent à des répercussions au niveau amateur, c’est parce qu'au quotidien ils constatent un mimétisme entre le monde pro et amateur. Aimé s’explique: "On le voit par rapport déjà aux célébrations, les enfants font comme les professionnels. Mais on le voit aussi par rapport aux mauvais comportements."
Adil, arbitre vigilant sur le moindre détail, poursuit: "Les lois du jeu sont extrêmement claires. Les chaussettes coupées sont interdites. Chaque week-end, avec les copains arbitres, on perd de l’énergie à expliquer aux joueurs qu’elles ne doivent pas être coupées. Systématiquement les jeunes nous répondent ‘les pros le font, on le voit à la télé. Pourquoi vous nous l’interdisez?’ C'est anecdotique, mais ça montre ô combien l'exemple qui vient d'en haut est important."
Pour enrayer cette spirale de violence, le président de la FFF Philippe Diallo veut développer le port de caméras pour les arbitres. Déjà en expérimentation ces derniers mois, ce dispositif intéresse le district des Alpes-Maritimes qui s’est porté candidat pour en bénéficier.