La fronde des arbitres français s’intensifie

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Rien ne va plus au pays des hommes en noir. La bataille fait rage entre les arbitres et la Ligue de Football Professionnelle. En cause : la désignation du représentant de la LFP à la Direction Nationale de l’Arbitrage, Claude Colombo, considéré comme le Cheval de Troie de Frédéric Thiriez, le président de la Ligue. Les arbitres accusent la LFP d’« ingérence », cette dernière étant accusée d’avoir fait le forcing pour imposer Colombo (une nomination avalisée par le Conseil Supérieur de l’Arbitrage), au mépris des candidats présentés par le corps arbitral. Les frondeurs mettent également en avant leur opposition à la mise en place de la vidéo, réforme soutenue par Thiriez. La crise, latente ces dernières saisons en raison d’erreurs d’arbitrage à répétition, est devenue ouverte après la rédaction par Colombo d’un rapport faisant état de 158 erreurs d’arbitrages sur la saison 2007-2008. Rapport commandé par la LFP, et « fuité » dans le quotidien Nice Matin en septembre 2008… Colombo passe depuis comme le traître, et la DNA et son président Marc Batta sont sur la défensive.
Depuis la reprise du championnat début août, la grande majorité des arbitres a manifesté sa désapprobation en refusant de porter le logo de la LFP et de signer les feuilles de matches. Jeudi, la Fédération Française de Football, autorité de tutelle des arbitres, a inscrit la question à l’ordre du jour de son Conseil Fédéral. Demain, une table ronde est prévue pour tenter de désamorcer le conflit. Las, les rebelles brilleront par leur absence. Hervé Piccirillo, l’un des arbitres de la contestation le plus en vue, s’explique pour RMC Sport : « Il n’y aura pas de décideurs et nous voulons au moins que Frédéric Thiriez soit présent. Nous voulons aussi que le Conseil Fédéral reporte sa décision d’inscrire la question à l’ordre du jour, parce que nous sommes encore très loin d’avoir trouvé un accord. Nous demandons aussi qu’une autre personne que Claude Colombo occupe à titre provisoire le siège de la LFP à la DNA. »
La politique de la chaise vide risque de radicaliser les positions des différentes parties. Il y a quelques jours, Thiriez invitait les arbitres « au calme ». Invoquant l’intérêt supérieur de l’arbitrage tricolore, l’avocat président exhortait les frondeurs à ne pas faire du zèle : « Les joueurs jouent, les entraîneurs entraînent, et les arbitres arbitrent. » Face à cette solution bloquée, la FFF va devoir mettre les mains dans le cambouis. Jean-Pierre Escalettes déplorait récemment des « querelles suicidaires ». Pas sûr que cela suffise.
Aux Championnats d’Europe 2008, l’arbitrage français était absent. L’arbitre Stéphane Lanoy a été présélectionné pour la Coupe du Monde 2010. La crise actuelle risque-t-elle de jouer en sa défaveur ? Joël Quiniou, arbitre international, trois fois « mondialiste » (1986, 1990, 1994) et consultant RMC Sport, le craint : « Ce qui se passe est déplorable pour l’image de l’arbitrage français vis-à-vis des instances internationales. On a un de nos arbitres qui à le niveau pour participer à la phase finale du Mondial 2010, et on passe son temps à s’entre-déchirer. »