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Le foot grec dans la panade

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Clubs endettés, joueurs payés au lance-pierres : le foot grec est touché de plein fouet par la grave crise économique qui secoue leur pays et l’Europe. Gros plan sur une situation très inquiétante et pour l’instant sans issue.

Un peuple en colère, Athènes en flammes, un pays en faillite, la Grèce vit des heures sombres de son histoire. A son niveau, le football, non plus, n’échappe pas à la crise. Un indice, très fort, ne trompe pas : « Des supporters du Panathinaïkos et de l'Olympiakos, deux clubs rivaux qui habituellement s'affrontent, étaient ensemble dans les manifestations », témoigne Georges Karachalios, journaliste grec pour le quotidien sportif Exedra.

Alors que les affluences dans les stades ont chuté de 15% par rapport à la saison passée, la tension y est de plus en plus palpable. Et malsaine. Quant aux clubs, la plupart tentent de survivre comme ils peuvent malgré des dettes abyssales. « L’AEK Athènes est endetté à hauteur de 20 M€, observe Philippe Kontostavlos, agent grec et ex-recruteur de Manchester City. En France, les clubs seraient ‘out’ pour moins que ça ! Seuls trois-quatre clubs sont sains financièrement. Derrière, c’est plus compliqué. Beaucoup de joueurs ne sont plus payés. Ou alors au lance-pierres. »

Revenu depuis quelques heures du Gabon où il a pris la 3e place de la CAN avec le Mali, Cédric Kanté subit de plein fouet la crise avec son club, le Panathinaïkos : « Il y a des retards de paiement qui sont assez importants, confie l’ancien défenseur niçois. Les dirigeants viennent nous voir assez régulièrement pour nous informer de la situation et nous montrer qu’on n’est pas mis de côté. Les joueurs sont prêts à patienter. Nous ne sommes pas dans l’inconnu. On ne débute pas nos semaines dans la peur. Et puis en étant bon sur le terrain, on peut aider le club…»

Kanté : « Nous, on a quand même de la chance »

Reste que cette situation, gravissime, va sans nul doute faire plonger le football grec. Très bas, faute de joueurs de qualité ? : « Lorsque les clubs grecs veulent des joueurs issus de clubs moyens de Ligue 1, ils proposent des salaires de L2. Alors forcément, c’est compliqué », déplore Philippe Kontostavlos.

Ce qui est inquiétant pour les arrivées l’est tout autant pour les départs. Faut-il s’attendre à un exode des meilleurs joueurs ? « Si les Grecs font un bel Euro, c’est possible, poursuit le conseiller. Le championnat d’Europe sera une belle vitrine pour montrer qu’il y a du football en Grèce. En tout cas, les joueurs seront encore plus à l’écoute pour partir. » En fin de contrat en juin prochain, Cédric Kanté aimerait poursuivre l’aventure au Panathinaïkos. Alors que son club pourrait être racheté par des investisseurs saoudiens, il reconnait que les problèmes financiers pourraient l’inciter à quitter Athènes.

En attendant de prendre une décision, Kanté porte un regard lucide sur sa situation personnelle : « Nous, on sera payé quand même, rappelle-t-il. La population grecque, elle, souffre beaucoup. Leur colère est tout à fait compréhensible. Relativisons notre situation. Nous, les footballeurs, on a quand même de la chance. »