Le Stade de France perd le Cap

Le Stade de France - -
Décidément, l’Afrique du Sud ne restera pas un bon souvenir pour le football français. Près de quatre mois après la piteuse élimination des Bleus dès le premier tour de la Coupe du monde, c’est au tour du consortium Stade de France, jusque-là chargé en association avec la compagnie sud-africaine SAIL de gérer l’exploitation du Cap Town Stadium, d’être bouté hors des frontières du pays. La faute à la gourmandise du groupement français qui a voulu renégocier le second contrat établi entre les deux parties en décembre 2008.
A l’époque, deux engagements avaient été signés par la ville du Cap, le consortium Stade de France et SAIL. Le premier, qui courait du 1er février 2009 au 30 octobre 2010, prévoyait que la ville sud-africaine couvre tous les frais engagés pour le Cape Town Stadium par Stade de France-SAIL, avec à chaque fois, une majoration de 20 %. Un contrat en or. Le deuxième engagement, qui devait prendre acte dès le 1er novembre 2010, définissait un plafond maximum (500 000 euros par an) pour les coûts techniques liés à l’exploitation du Cape Town Stadium qu’aurait été amené à effectuer Stade de France-SAIL. Le reste des dépenses aurait été pris en charge par la ville du Cap. D’une durée de 30 ans, ce nouveau contrat constituait une nouvelle affaire en or pour le consortium Stade de France. En réalité, il n’en sera rien.
« Un gros gâchis »
Soucieux de prendre le moins de risques financiers possible, Stade de France-SAIL a voulu renégocier ce dernier engagement, demandant à la ville d’assumer le coût d’exploitation du Cape Town Stadium lors des années à venir. Soit le temps nécessaire pour le consortium de tirer les premiers bénéfices de son juteux contrat. Une démarche qui s’est heurté à une fin de non-recevoir de la part de la ville du Cap.
« La crise économique était déjà là au moment de la première négociation en 2008 et on avait obtenu de bonnes conditions, soupire Bertrand Scholler, l’ex-directeur du développement à l’international du consortium du Stade de France, démissionnaire il y a un mois. Je suis triste, car je pense que c'est un stade magnifique qui a vocation à être extrêmement rentable. Quand on a un outil comme le stade du Cap, on ne se bat pas pour démontrer qu'il a des chances de ne pas être rentable, mais on se bat pour le rendre rentable. C'est un gros gâchis. On a passé deux ans à convaincre la ville du Cap que le Stade de France, qui n'avait jamais fait ça, était un opérateur de stade digne de se voir confier les clés d'une enceinte qui a coûté 400 millions d'euros. On avait été choisi parmi 70 candidats. C'était formidable pour l'image de la société et de la France en Afrique du Sud. » Après les Bleus de Raymond Domenech, c’est une nouvelle image déplorable que le football français laisse au pays des Bafana Bafana.