Abidal, l’incroyable retour

Abidal, ici avec Messi, a repris l'entraînement ce mercredi - -
Eric Abidal (33 ans) a toujours cru en son retour. Eloigné des terrains depuis mars dernier, puis opéré d’une tumeur du foie et transplanté, le défenseur aux 61 sélections est sur le point de réaliser son incroyable pari. Les journaux espagnols annonçaient mardi soir que le latéral gauche avait reçu le feu vert des médecins pour reprendre l’entraînement collectif et la compétition. Une nouvelle qui devait être officialisée mercredi par le club, avant que le FC Barcelone n’annule toute communication dans la matinée en raison du drame qui frappe Tito Vilanova, rattrapé par un cancer qu’il pensait avoir vaincu l’an passé.
Abidal avait annoncé dès la fin du mois de septembre qu’il espérait effectuer son retour dans le groupe avant la fin de l’année. Une abnégation qui impressionnait alors ses partenaires. « C’est un exemple, confiait Xavi à Sport. Il vient tous les jours au gymnase, matin et soir. » A 33 ans, il avait effectué son retour à l’entraînement le 10 avril dernier pour des séances individuelles. Ce mercredi il a participé à l'intégralité de la séance. « Cela faisait longtemps que je songeais à toucher le ballon à nouveau, expliquait l’ancien Lyonnais à la chaine officielle du club. Je suis fatigué mais heureux. Je suis sur le bon chemin. »
Matuidi : « J’espère qu’on le reverra en sélection »
Le natif de Lyon avait été opéré une première fois en 2011 puis transplanté en avril, il y a 253 jours. « Je veux revenir à la compétition, mais j'ai une famille et je ne veux courir aucun risque », avait-il lancé dimanche au micro de la chaîne catalane TV3. Ceux qui le connaissent bien ne sont finalement pas étonnés de le voir revenir. Grégory Coupet l’a côtoyé à Lyon pendant trois ans (2004-2007) : « Je suis très heureux. Abi a gagné un combat assez énorme : celui de rejouer, taper dans un ballon et faire des efforts. Je ne suis pas surpris car je connais sa conviction d’être vivant. Il a une force mentale exceptionnelle. Aujourd’hui, il doit se sentir indestructible. »
La première étape franchie, il lui reste maintenant l’espoir de jouer à nouveau et, pourquoi pas, de retrouver l’équipe de France. « S’il a le niveau, il reviendra », prévient le Parisien Christophe Jallet. « C’est un super joueur et un super homme. Je suis content qu’il puisse retrouver le terrain et j’espère qu’on le reverra en sélection », reprend son coéquipier Blaise Matuidi. « On est heureux de pouvoir le revoir sur les terrains. C’est fabuleux ce qui lui arrive. J’espère que ça va durer », lance pour sa part Mickaël Landreau. Des encouragements qui le toucheront certainement, mais qui ne lui feront pas oublier l’essentiel…
Le titre de l'encadré ici
Un cas médical exceptionnel |||
Maîtrisée depuis 20 ans, la transplantation du foie affiche de très hauts taux de réussite chez les greffés. Mais le cas d’Eric Abidal est exceptionnel de par son statut de sportif de haut niveau. S’il ne voit aucune contre-indication à son retour à la compétition, le Pr Christophe Duvoux, responsable de l'activité médecine de transplantation hépatique à l'hôpital Henri Mondor de Créteil, avoue l’ignorance de la médecine sur la capacité du joueur à retrouver l’intégralité de ses moyens physiques et à encaisser les chocs liés à la pratique du football. « Sur ce sujet, on a très peu de données. C’est une situation exceptionnelle. Chez des personnes "normales", on sait que six mois après la transplantation, l’adaptation à l’exercice est encore un peu diminuée. Ils atteignent leur maximum de réadaptation entre 6 mois et un an après, explique-t-il. Un sportif de haut niveau est immédiatement soumis à en entrainement et on peut imaginer qu’il va retrouver toute sa capacité mais avec un certain nombre de contraintes et de suivi médical. Il y a l’obligation de prendre un traitement pour prévenir les rejets de greffe. Je ne vois pas de contre-indication à reprendre l’entrainement, sous réserve de certains aspects comme des effets secondaires liés à la prise de médicaments. Tenter de revenir me parait exemplaire et fascinant. C’est vrai qu’on ne recommande pas à nos patients de reprendre une activité avec contact même si l’organe est très bien accroché et qu’il n’y a pas de risque particulier. »