A l’OM, le banc souffre en silence

Elie Baup - -
On ne change pas une équipe qui gagne. Même quand récolter les trois points tend souvent au chemin de croix. Adepte du précepte, Elie Baup limite au maximum son turnover en cette fin de saison. Lancé dans une spirale positive de résultats, avec sept matches sans défaite, l’OM semble avoir trouvé sa formule. Surtout sur le plan défensif. Solide, avec une série en cours de six matches sans prendre de but, l’arrière-garde phocéenne – milieu défensif compris – affiche sa stabilité : les mêmes six joueurs ont été alignés lors des quatre derniers matches (Fanni, Nkoulou, Mendes, Morel, Romao et Cheyrou). Une logique compréhensible. Mais qui interroge sur l’état moral des laissés-pour-compte.
« Dans mon management, je m'attache beaucoup à penser à ceux qui ne débutent pas, explique l’entraîneur marseillais. C'est un casse-tête. Le tout, c'est de maintenir le groupe dans l’idée de réussir tous ensemble. » Et les cas individuels ? Barré par Lucas Mendes, Souleymane Diawara ne fait pas de vagues. Pas le genre du garçon. Pas plus que celui de Joey Barton, cantonné au banc depuis le retour de Benoît Cheyrou. S’il quitte le Vélodrome en un temps record après les matches, l’Anglais reste professionnel et ne fait pas dans la polémique sur ce plan. « Barton est quelqu'un d'expérience, analyse Baup. Il n'a pas d'états d'âme. Il a envie d'aider l'équipe même s'il ne rentre que 20 minutes. Diawara ou lui sont des joueurs importants pour l’exemplarité. Pour eux, les situations personnelles passent après le collectif. »
Passi : « Le joueur pro n’est pas payé que pour jouer »
La concurrence version OM se matérialise surtout au poste de milieu offensif droit avec… quatre hommes pour une place : Jordan Ayew, Sougou, Kadir et Amalfitano. Les deux premiers grappillent du temps de jeu. Moins caractériel, Ayew a mis de l’eau dans son vin et ne râle pas quand il est remplaçant ou remplacé. Arrivé au mercato hivernal, Sougou n’est pas là depuis assez longtemps pour ne pas positiver. « Je me concentre pour répondre présent lorsque l’on fait appel à moi, indique le Sénégalais. Cela ne veut pas dire que si je ne joue pas, je vais être mécontent. »
Kadir, lui, n’a pas saisi sa chance en l’absence de Valbuena et commence à se demander pourquoi l’OM l’a recruté cet hiver pour le laisser sur le banc. Quant à Amalfitano, il vit une saison quasi blanche entre absence pour rééducation du genou et petits bouts de fins de matches. L’ancien Lorientais le vit mal mais intériorise beaucoup, dans l’attente d’un probable départ en fin de saison. Bref, à l’OM, les remplaçants souffrent en silence. Et Baup parvient à maintenir une bonne ambiance malgré ces rotations limitées.
« Le joueur pro n’est pas payé que pour jouer mais aussi pour s’entraîner et être à la disposition de son coach, juge Franck Passi, l’entraîneur-adjoint. Nos entraînements sont adaptés pour qu’ils soient toujours en forme et on attend qu’ils apportent leur maximum à chaque fois qu’ils rentrent. Tout le monde joue le jeu. Même si des fois, à la fin des matches, ils sont un peu frustrés... » En évitant de le laisser paraître pour protéger le collectif. « Si tu ne joues pas et que tu gueules, ça va rentrer par une oreille du coach et sortir par l’autre, explique Sougou. Ça ne sert à rien. Si un joueur n’est pas discipliné, il ne peut pas rendre service à l’équipe. C’est une question de respect. On doit pousser tous ensemble dans la même direction. »
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