Anigo : « Des choses choquantes et impardonnables »

José Anigo - -
José, comment abordez-vous la réception de Lyon ce dimanche (21h) ?
On le prépare comme les dernières semaines. Il n’y a pas plus d’agitation, il faut absolument gagner sinon ce sera terminé pour la quatrième ou la cinquième place. Cela peut nous ouvrir les portes de la Ligue Europa, il faut y aller. Il n’y plus de calculs à faire, il faudra faire un bon match.
Votre mauvais parcours à domicile (10e) a-t-il plombé votre saison ?
C’est exact. On est plus à l’aise à l’extérieur car, à la maison il y a une telle pression… C’est terrible ! Il ne faut pas toujours tout remettre en question. Il va falloir qu’un jour le club devienne sage. Je voudrais le meilleur pour l’OM. Tu as le droit de manquer une saison. Mais là, on remet tout en question : le président, l’entraîneur, le directeur sportif, les joueurs… Il faut retrouver un peu la raison, ça ne reste que du foot.
Ce climat est-il devenu trop pesant pour vous ?
Pas que pour moi. J’ai l’habitude, j’ai compris, je sais où j’en suis. Moi, plus rien ne m’atteint réellement. Je fais mes matchs, je me concentre sur mon job. Mais quand tu es joueur, tu as besoin de soutien, d’affect. J’ai vu le match de Liverpool (défaite 2-0 contre Chelsea, ndlr). Quand ils ont pris le deuxième pion, j’avais des frissons (les supporters des Reds se sont levés et ont chanté « You’ll never walk alone », ndlr). Quand on est supporter, il ne faut pas se retourner tout le temps contre son équipe.
Comprenez-vous quand même la déception des supporters, qui voient le PSG et Monaco bâtir de grands projets ?
Je le comprends et je suis d’accord : nous avons manqué notre saison. Mais si on avait fait une très, très bonne saison, avec le parcours du PSG et de Monaco, on aurait terminé troisième. Les deux sont quasiment intouchables. On a manqué notre saison, c’est comme ça, on ne va pas se suicider. Il faut se remettre au travail mais le projet est en route. Il y a un super coach qui va arriver et les joueurs vont certainement s’adapter à sa manière de travailler et à son projet de jeu. Le meilleur reste à venir pour l’OM.
« Vincent Labrune sait ce que je veux faire »
Marcelo Bielsa parviendra-t-il à rétablir la situation ?
C’est là où on verra l’intelligence des gens. Cet homme-là est un bâtisseur, il l’a montré à Bilbao, avec le Chili. Je crois qu’il a le potentiel pour amener l’OM dans un futur intéressant mais il faut le laisser bosser, avoir sa conception du jeu.
Serez-vous toujours à l'OM la saison prochaine ?
Mon président (Vincet Labrune, ndlr) sait ce que je veux faire depuis le mois de janvier, on en a parlé. Ma famille aussi, tout le monde est au courant. Je ne veux pas parler de mon cas personnel. Le plus important, c’est l’équipe et le projet. Il faut laisser Bielsa travailler avec le plus d’autonomie et de liberté possible, pour qu’il puisse avoir son projet en tête et cette possibilité de tracer sa route. Je sais que ce mec-là va y arriver.
On ressent une certaine lassitude chez vous...
Je communiquerai après le dernier match, ou peut-être avant, je verrai ça avec le président. Je voudrais avant que le club ait signé Bielsa. Je suis persuadé que ça va se faire rapidement. Tout le monde œuvre pour qu’il vienne mettre son projet en place. Je suis persuadé que ça va marcher.
Cette saison vous a-t-elle fatigué plus que les autres ?
Dans un stade, quand tu es sifflé, ce n’est pas grave. Ça fait partie du job et ça existe avec des entraîneurs bien plus capés que moi. Je l’ai vu dernièrement à Barcelone, où Messi s’est fait conspuer. Il n’y a plus de limites à rien. Mais il y a eu des choses très choquantes pour moi. D’abord les écrits à propos de mon enfant sur les murs de la Commanderie. Pour moi c’est impardonnable, c’est quelque chose que je ne pourrai jamais oublier. Ce sont des choses qui font qu’à un moment, dans ta tête, il y a de vraies cassures. Tu te dis que l’humain va tellement loin… Et puis à un moment, il faut aussi réfléchir à autre chose. Je suis en train de réfléchir à tout ça et je vais le faire à tête reposée, finir mon championnat et en parler avec mon président. Même si mes proches et mon président savent très bien ce que je veux faire.
Mario Lemina a été braqué à son domicile. Est-ce préjudiciable pour attirer des joueurs à Marseille ?
Le club a mis beaucoup de moyens pour empêcher ce genre de choses, notamment des véhicules qui tournent, des sociétés de sécurité devant le domicile des joueurs. Après, pour les jeunes joueurs il faut faire attention à l’entourage, leurs connaissances en ville. Et ça, on ne le maîtrise pas toujours. Souvent, quand ces choses-là arrivent c’est parce qu’on montre où on vit, dans une ville où il faut malheureusement vivre le plus loin possible de ce genre de choses. C’est lamentable mais la dernière fois la police a arrêté les gens et je suis persuadé que là encore les choses se régleront comme ça.
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