Aulas : « Bâtard, ce n’est pas une insulte »

Après le chant anti-Stéphanois des joueurs de l’OL dimanche au balcon de la mairie de Lyon, les présidents Caïazzo (ASSE) et Aulas (OL) ont donné en exclusivité leur version des faits dans Luis Attaque, sur RMC. Face à face, et en profond désaccord.

RMC Sport : Bernard Caïazzo, Jean-Michel Aulas, comment réagissez-vous à la polémique née du chant anti-Stéphanois dimanche ?

Bernard Caïazzo (ASSE) : J’aurais préféré ne pas avoir à gérer ce genre de situation à la veille d’un match au Parc des Princes. Des joueurs salariés d’un club ont traité de bâtards des joueurs et le public stéphanois. Perrin, Mignot se font traiter de bâtards. Les Stéphanois se sentent insultés. Je pensais que les joueurs avaient une déontologie différente, surtout après ce qu’il s’est passé au Mondial en Afrique du Sud.

Jean-Michel Aulas (OL) : Je suis surpris de l’emphase mise sur cet incident. Beaucoup de journalistes m’ont appelé dès hier soir (lundi) après le nombre de messages envoyés sur Twitter par Bernard. Qu’il y ait eu une reprise d’un couplet, qui est par ailleurs repris dans tous les matches à la 42e minute (numéro du département de Saint-Etienne, ndlr), c’est possible mais si on doit porter plainte à chaque fois qu’on insulte quelqu’un ! Bernard s’érige en grand défenseur de l’éthique. Si quelqu’un s’est senti blessé, nous lui présentons nos excuses. Mais si on fait l’exégèse du couplet : « bâtard », dans le dictionnaire, est un enfant issu d’un couple non marié, ce n’est pas une insulte.

BC : Je n’ai pas de compte Twitter, j’ai appris l’affaire à 21h, bientôt ça va être vous la victime ! Le buzz, ce n’est pas nous. Nous, dirigeants stéphanois, ne faisons pas de commentaires. Ce qui nous ennuie, c’est que des joueurs de l’OL utilisent des mots qui ne feraient pas plaisir à Jean-Michel Aulas s’ils étaient adressés demain par des joueurs de l’ASSE.

RMC Sport : Qu’attendez-vous du Conseil national d’éthique (CNE), qui s’est saisi de l’affaire (lire ci-dessous) ?

BC : On veut réparation, des gens dans les instances sont responsables pour prendre les bonnes décisions. On acceptera la décision du CNE.

JMA : Evidemment qu’ils vont analyser mais rien ne dit qu’il y aura sanction. Il n’y a pas eu d’insulte, simplement une joie excessive. Le Larousse fera foi devant les gens qui se sentent émus.

RMC Sport : Taye Taiwo avait été sanctionné à l’issue de la finale de la Coupe de la Ligue pour des propos anti-PSG l’an dernier (« Les Marseillais montent à Paris, pour enc… les Parisiens »). Peut-on comparer ?

JMA : Taiwo, ça n’avait rien à voir, c’était dans un stade. Là, il n’y a pas eu d’insulte.

RMC Sport : Jean-Michel Aulas, avez-vous parlé à vos joueurs ?

JMA : J’ai parlé à mes joueurs, il y a un communiqué d’excuses sur le site officiel du club depuis ce matin, je m’exprime sur RMC, que voulez-vous de plus ?

BC : Dites : « On assume » au lieu d’être arrogants ! Si les joueurs de l’ASSE avaient dit ça, on les aurait convoqué et on leur aurait dit la messe. Continuez à protéger votre club comme vous le voulez...

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Le CNE et les Verts contre-attaquent |||

« Emmenez-moi à Geoffroy Guichard, emmenez-moi au pays des bâtards... Il me semble que la misère, c’est d'être supporteur des Verts ». Dimanche, la joie des joueurs lyonnais a viré aigre. Sur le balcon de l’hôtel de Ville de la capitale des Gaules, fêtés pour leur victoire en Coupe de France, Cris, Jimmy Briand, Alexandre Lacazette, Samuel Umtiti, Clément Grenier, Gueida Fofana, Maxime Gonalons et le troisième gardien Anthony Lopes se sont laissé aller à un chant anti-Stéphanois. Les images ont circulé sur la Toile et fait le buzz de ce 1er mai. « C’est pour les taquiner, ici on est très chauvins, on aime être Lyonnais », se justifiait Jimmy Briand quelques minutes après le désormais fameux chant. Reste que la « taquinerie » pourrait couter cher à l’OL. Mardi, la direction des Verts, estimant que « bâtard est une insulte pénalement répréhensible », déposait plainte et demandait à la Ligue d’ouvrir une enquête. Quelques heures plus tôt, le comité national d’éthique (CNE) annonçait se saisir de l’affaire. A la fin de la saison 2011, le CNE avait infligé un match de suspension et 20 000 euros d’amende au Marseillais Taye Taiwo pour un dérapage anti-PSG du Nigérian après le succès de l’OM en Coupe de la Ligue. Cette fois, l’incident a eu lieu hors d’une enceinte sportive et le championnat prend fin le 20 mai. Interrogé par RMC Sport, Laurent Davenas, président du CNE, n’a pas eu recours au Larousse pour donner sa version : « Dans le sens commun, si vous traitez quelqu'un de bâtard, c'est que vous cherchez à l'insulter. » Un épisode dont se serait bien passé Rémi Garde, en pleine renégociation de son contrat et qui avait appelé à la mobilisation générale de ses troupes en vue des cinq derniers matches de son équipe en championnat. L.C., E.J., S.O., R.P.