Aulas : "On n’a absolument pas orienté Fekir"

Jean-Michel Aulas - AFP
Jean-Michel Aulas, vous avez été touché par l’accident tragique qui a coûté la vie à 10 personnes dont trois sportifs de haut niveau mais aussi un caméraman qui avait travaillé à OL TV...
Comme tous les accidents, c’est quelque chose de tragique. En plus ça arrive à des gens qui ont apporté tant de victoires à la France et au sport. Ce sont de grands sportifs, qui étaient exemplaires sur le plan de leur performance et de leur personnalité. C’est pour cela que ça touche tout le monde. Il y aura des initiatives à l’occasion du grand match de dimanche (OM-Lyon en Ligue 1).
Que vous inspire le montant (250 000 € par tête) des primes versées aux joueurs du PSG s’ils se qualifient à Chelsea mercredi ?
C’est excessif et tout ce qui est excessif est dérisoire. Il faut que le football garde raison dans certaines dimensions et là, ça parait beaucoup d’argent. Je suis presque choqué. Je trouve qu’il y a d’autres manières de motiver un certain nombre de joueurs. L’argent n’est pas le seul vecteur pour motiver les joueurs, en particulier en Coupe d’Europe.
Avez-vous mis la pression à Nabil Fekir pour qu’il choisisse l’équipe de France, ce qui lui offre une plus grosse exposition que l’Algérie ?
Là, vous faites erreur. Nabil est un jeune garçon très spontané. On ne l’a absolument pas orienté vers l’une ou l’autre des sélections. On est ravi qu’il ait la possibilité de choisir. Il a pu choisir lui-même avec un certain nombre de conseils. Le sélectionneur de l’Algérie, c’est Christian Gourcuff, qui est un entraîneur français. C’est formidable que Nabil ait pu, à travers les conseils des uns et des autres, prendre une décision qui lui appartient. C’est bien pour la jeunesse de pouvoir être un bon joueur, issu d’un certain quartier lyonnais et de pouvoir prendre sa décision en toute quiétude.
Quel élément a fait pencher sa décision du côté de la France ?
Nabil a toujours vécu en France et voit l’Euro 2016 arriver avec le Grand Stade de Lyon, dans lequel se joueront six matches de cette compétition. Il a identifié l’équipe de France et l’Euro 2016 comme étant les objectifs les plus faciles à atteindre. Ça paraissait logique. Avoir le choix entre deux sélections à 21 ans grâce à ses qualités, c’est formidable.
« Si on est troisième, c’est formidable »
Qui est le patron de l’Olympique lyonnais : Hubert Fournier ou vous ?
C’est Hubert Fournier sur le plan technique, comme l’ont été tous les entraîneurs de l’Olympique Lyonnais. Quand il y a des décisions à prendre sur le plan stratégique et économique, l’entrepreneur redevient le patron en écoutant les techniciens de manière privilégiée. Existe-t-il une tension avec votre coach ? Pas du tout. Il y a une parfaite complémentarité. Je fais en sorte qu’on parle de nous en bien. Tout le monde est venu s’en mêler et à l’arrivée... paf 5-1 (à Montpellier) ! Et maintenant, tout le monde trouve qu’Hubert Fournier, plus l’équipe de jeunes, plus Jean-Michel Aulas, ça fonctionne très bien.
Existe-t-il une chance pour que l’OL remporte le championnat de France ?
Non, ce serait contraire à la logique économique. Quand il y a une capacité d’investissement très supérieure à celle d’une autre équipe, c’est le PSG, l’équipe qui a le plus de potentiel économique, qui devrait être champion. Marseille a aussi une grosse capacité à investir. Si on est troisième, c’est formidable. Mais quelques fois, la logique en sport cède la place à l’expérience et nous avons l’expérience d’être premiers. On ne sait jamais.