Aulas : « Prolonger Gourcuff, c’est mon objectif »

Jean-Michel Aulas - -
Jean-Michel Aulas, pensez-vous que la saison lyonnaise va être compliquée, notamment avec votre effectif très jeune ?
Les saisons sont toujours compliquées. Quand on a 27 ans de présidence d’un club de première division, dont 18 années consécutives en Coupe d’Europe, on sait toujours que les saisons sont compliquées, même si on prend des joueurs confirmés avec un prix assez élevés ou qu’on essaye de promouvoir des jeunes du centre de formation. Nous avons fait un certain nombre de choix. Je pense qu’il y a pas mal de joueurs qui ont de l’expérience : Jallet, Bisevac, Koné, Gourcuff, qui va être remis sur pied, Grenier, Gonalons et Alexandre Lacazette, qui peut beaucoup apporter devant. Il y a un cocktail entre une génération exceptionnelle et un certain nombre de joueurs confirmés. Si la saison est compliquée, mais qu’elle est réussie comme les 18 dernières saisons, on pourra dire que le risque était calculé et qu’il correspond à ce qu’on sait faire à Lyon : s’adapter aux contraintes du moment.
Pensez-vous que Clément Grenier va rester à Lyon ?
C’est un peu trop tôt pour se réjouir. Car le mercato dure jusqu’au 30 août. Avec Sam Umtiti, ils sont deux à avoir un bon de sortie. Ce sont des joueurs avec beaucoup de personnalité. On a non seulement des joueurs jeunes, qui ont rapidement mûri, mais en plus, ils ont une forte personnalité. Depuis le moment où ils m’ont demandé s’il y avait une opportunité de sortir, il n’y a pas eu énormément de propositions. Ce sont des garçons intelligents et ils se rendent compte que ça ne se bouscule pas. On peut imaginer qu’ils seront partants, mais on peut aussi imaginer qu’ils resteront et dans ce cas-là, on aura une bien belle équipe.
Avec la ligne de crédit à hauteur de 34 millions d'euros ouverte avant la fin juin, l'OL a-t-il été moins contraint de vendre ?
Vous avez les contraintes de la DNCG ou du « financial fair play ». Nous, on s’est mis en ligne de répondre aux exigences des uns et des autres et on est passé devant le « financial fair play » très tôt et la DNCG début juin. Après, je suis chef d’entreprise. J’investis de mon propre patrimoine, dans des proportions excessivement importantes, dans une entreprise qui est un club, qui par ailleurs est une société cotée. Là, j’ai des exigences qui ne viennent plus de la DNCG ou du « financial fair play », mais qui viennent des banques. Quand je présente mes comptes à la Bourse ou devant les banquiers, je m’engage à générer un certains nombres de ressources qui sont propres. On a pris en compte cette opportunité de céder des joueurs. Mais si on n’y arrive pas, ce n’est pas ça qui va nous empêcher de continuer et de réussir nos objectifs. Pour pouvoir vendre, il faut qu’il y ait des acheteurs.
Comment gérez-vous le cas de Yoann Gourcuff, dont le contrat expire l'an prochain ?
Je gère ce cas en chef d’entreprise, je regarde ce que ça coûte et ce que je peux perdre et gagner. Quand on est entrepreneur, si on ne regarde que ce que ça coûte, nous n’avons aucune chance de faire des réussites. Il nous reste un an pour mettre Yoann dans une perspective de gagne et de valorisation. C’est aussi un échec dans la tête de Yoann. Quand on essaie de le valoriser pour des raisons économiques du club, c’est aussi pour le joueur. Pour qu’on arrive à le remettre dans une perspective de prolongation, ce qui est mon objectif, il faut qu’il réussisse sur le terrain. Je suis un optimiste. Le meilleur des cas, c’est qu’il fasse une bonne saison et qu’on le prolonge car ça permettra d’espérer gagner quelque chose. Si les choses ne se passent pas comme ça, on arrive à un an de la fin du contrat, on sait ce qu’on aura perdu.
« Chantôme peut nous intéresser »
Ça ne doit pas être facile d'être entraîneur à Lyon, avec Bernard Lacombe et Jean-Michel Aulas à ses côtés...
Ce n’est jamais facile d’être entraîneur (rires). C’est peut-être plus facile d’être entraîneur à Lyon qu’ailleurs car justement, il y a le poids de gens qui ont de l’expérience et qui ont aussi un certain nombre de réactions positives. Pour Hubert (Fournier), on avait défini un profil. Son profil a été tracé avant qu’il arrive. C’est lui qui était le plus proche et on est très content de sa venue. Je pense qu’il va réussir ce qu’il doit faire. Ça devrait bien se passer.
Avec son futur nouveau stade (Stade des Lumières), pensez-vous que l'OL aura les moyens de rivaliser avec le PSG ?
Tout a été fait pour que les choses coïncident avec l’Euro 2016 car nous commenceront à jouer dans ce stade en janvier 2016, soit six mois avant la compétition. Il fallait absolument être opérationnel pour cette date-là. Ce qui veut dire que le premier exercice complet pour l’Olympique Lyonnais dans son nouveau stade sera celui de 2016-2017. A partir de 2017, on sera en ordre d’avoir des revenus européens, comme pour l’Emirates Stadium ou l’Allianz Arena. On se met dans un plan à cinq ans pour retrouver le plus haut niveau du football européen. Quand on regarde dans les 20 premiers clubs européens, ils sont tous propriétaires de leur stade, mis à part les clubs français. C’est donc peut-être une nécessité. Ça nous permettra de trouver un nouveau « business modèle ». Ça n’a pas été compris tout de suite car c’est un travail de dix ans et en France, c’est toujours plus compliqué qu’ailleurs. On peut dire qu’à partir de 2017, l’Olympique Lyonnais sera en forme européenne sur le plan économique. Et souvent, l’économique tire le sportif. On a un atout complémentaire. Depuis des années, on est nn°1 français des centres de formation. Sur le plan européen, on est à égalité avec le Real et le Barça. Sur les matches de préparation, on a par exemple pu voir émerger de jeunes joueurs.
Clément Chantôme intéresse-t-il l'OL ?
L’année dernière, il aurait dû venir puisque Rémi (Garde, ndlr) le souhaitait mais le PSG ne lui a pas donné de bon de sortie pour rejoindre Lyon. Ça ne dépend pas uniquement de lui et de nous, ça dépend du PSG à qui il appartient. C’est un joueur de qualité qui peut nous intéresser. Mais entre-temps, il y a eu l’émergence d’un certain nombre de jeunes joueurs comme Jordan Ferri ou Arnold Mvuemba, qui a d’abord eu du mal à s’intégrer avant de faire une bonne fin de saison dernière. C’est une piste sans plus qui, pour le moment, n’est pas activée.
Pensez-vous qu'il est possible de voir Hatem Ben Arfa se relancer à Lyon ?
S’il est prêt à faire les efforts financiers qui lui permettent de s’intégrer dans le groupe… Techniquement, ça a été l’un des tous meilleurs joueurs, pour ne pas dire le meilleur joueur, que j’ai eu pendant 27 années de présidence. Hatem était compliqué sur le plan de la gestion. Mais c’est un garçon qui a un très bon fond. Je me souviens du duo Benzema-Ben Arfa en moins de 19 ans, c’était fantastique. Je ne connais pas du tout la situation d’Hatem. Mais entre-temps, on a des Hatem Ben Arfa qui arrivent, comme Yassine Benzia dont on parle peu.